QUELQUES CHIFFRES A PROPOS DU SANG CONTAMINE

Entre la Conférence Mondiale du Sida 1998 qui s’est déroulée à Genève, le procès du sang contaminé en Suisse et dans d’autres pays, biens des questions n’ont toujours pas trouvé de réponse, que ce soit en terme de biologie, de thérapies ou d’épidémiologie.

 

Aux Etats-Unis
Le suivi d’un groupe de 694 personnes qui auraient reçu du sang infecté par le VIH, entre Janvier 1979 et Août 1985 révèle que dans l’année qui suivit leur transfusion, près de la moitié des personnes (48% - 331) étaient décédées, et les deux tiers dans les quatre années (63% - 437). Les chercheurs ont comparé ces chiffres à ceux d’un autre groupe de 146 personnes, transfusées avec du sang qui ne contenait pas le VIH. Dans ce deuxième groupe, 73 personnes moururent au cours de la première année, soit 50% du groupe total.
Parmi les 437 personnes décédées dans le groupe contaminé, 97% (424) n’étaient pas mortes du Sida, seules 3% (13) étaient mortes du Sida.
Sur les 203 personnes qui avaient survécu aux transfusions et à l’infection VIH, et qui vivaient en bonne santé, 41% (84) étaient restées séronégatives, tandis que 56% (113) étaient devenues séropositives. Six seulement avaient développé le Sida.
Ce n’est un secret pour personne, que le fait de recevoir des quantités importantes de sang étranger est, dans tous les cas, un facteur immunosuppresseur reconnu.

Au Royaume-Uni
Voici ce que l’on pouvait lire dans le British Medical Journal (BMJ) en 1994. Le BMJ fait parti du gotta de la presse scientifique, l’une des références dans tous les domaines de la recherche mondiale. “ Il y a quatre ans, nous avons affirmé que toutes les personnes infectées par le VIH mourraient du Sida si elles ne mouraient pas d’autre chose avant. Si nous regardons en arrière, il est étrange que nous ayons pu faire une telle déclaration - peut-être avions-nous réagi au courant d’hystérie qui embrasa le monde en découvrant cette maladie ”.
Des études soutenues effectuées auprès des hémophiles soulignent que dans ce groupe de patients, la chute de l’immunité cellulaire est directement liée à l’injection des protéines sanguines dont ils ont besoin - elles sont recueillies auprès de 2 millions de donneurs par an. Dans le Sunday Time du 21 février 1993, on apprenait que 1 200 hémophiles sur les 5 000 que compte le pays avaient été infectés par transfusions au début des années 80. Seuls 200 étaient morts du Sida, affirmait-on alors.
Paradoxalement, les autres hémophiles - qui se croyaient condamnés - ont vu leur santé s’améliorer avec l’amélioration de la qualité des produits qu’on leur administrait pour compenser leurs problèmes sanguins. Un grand épidémiologiste européen, Gordon STEWART (qui a travaillé aux Etats-Unis, puis en Angleterre et enfin à L’OMS), commenta alors : “ Si ces travaux se confirment, cela veut dire que les patients n’auront pas du tout le Sida. Cela nous apporte aussi un indice extraordinaire sur le mécanisme du Sida. Nous savons maintenant que si l’on donne aux hémophiles des concentrés impurs (produits sanguins, Facteur 8 - ndlr), ils subissent des changements qui ressemblent au Sida ; et s’ils reçoivent le produit le plus pur, ils ne subissent pas ces changements. En conséquence, la probabilité dit que les réponses des hémophiles (séropositivité et chute de l’immunité - ndlr) ont pour origine la protéine étrangère contenue dans leur traitement, et pas le VIH. Il est nécessaire de remettre en question le fait que les hémophiles ont le Sida parce qu’ils ont été infectés par le VIH ”.
En réalité, on sait depuis longtemps que l’hémophilie peut être une maladie immunosuppressive, et l’on sait aussi que les produits sanguins administrés aux hémophiles, s’ils ne sont pas de la pureté la plus totale, sont responsables de la chute de l’immunité. En 1986, une équipe de chercheurs grecs publiaient une étude dans Aids Research, pour souligner les anomalies immunologiques des hémophiles, séropositifs ou séronégatifs. Ils remarquaient que les hémophiles séropositifs avaient reçu de plus grandes quantités de Facteur 8 (produits sanguins) que les autres. La même année, le Centre for Desease Control (centre de contrôle des maladies infectieuses aux Etats-Unis, responsable de la surveillance et de la recherche sur le sida) concluait : “ Les hémophiles qui présentent des anomalies immunologiques ne sont pas nécessairement infectés par le HTLV3-LAV (ancien nom du VIH - ndlr), car les concentrés de facteurs peuvent être eux-mêmes immunosuppressifs, même quand ils proviennent d’une population qui n’est pas à risque vis à vis du Sida ”.


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