LE PROGRAMME L. I. F. E.

 

Le Docteur Jeffrey LEIPHART, psychologue américain, propose aux séropositifs et sidéens une psychothérapie adaptée qui leur permet de renouer avec le sens de la vie. Elle s’appelle “ L. I. F. E. ” et en Anglais, LIFE, cela veut dire la vie. LIFE signifie aussi “ Apprendre à accroître ses fonctions immunitaires ” . Pour Jeffrey Leiphart, LIFE répond à la demande bien compréhensible du public de bénéficier d’une approche thérapeutique non-toxique pour renforcer le système immunitaire. LIFE se fonde sur les découvertes faites depuis 1964 en Psycho-Neuro-Immunologie qui démontrent que le mental et la psychologie participent directement à l’état du système immunitaire. Pour Jeffrey Leiphart, Directeur de Programme au Centre d’Accueil des Homosexuels affectés par le VIH et le sida à San Diego en Californie, il est possible de contrôler son système immunitaire en agissant sur certains comportements, traits de la personnalité et empreintes émotionnelles.

Les cofacteurs sont de plusieurs natures :
* ils accélèrent l’apparition de symptômes chez des personnes en bonne santé, * ils ralentissent l’apparition d’une pathologie, * ils participent à la guérison des symptômes du sida * et certains renforcent la résistance du système immunitaire. Pour Jeffrey Leiphart, on peut contrôler tous les cofacteurs favorables au système immunitaire et à la santé en général.

LIFE, C’EST 19 COFACTEURS
A) Les cofacteurs négatifs qui affaiblissent le système immunitaire -
1-) Croire que la séropositivité signifie sida et mort certaine. Il existe de nombreux survivants à long terme, il faut changer nos perceptions. Les études prouvent que remettre en question la certitude de la mort est favorable à la santé.
2) Une anxiété excessive agit en permanence sur le système nerveux sympathique autonome. Le patient est sous pression du matin jusqu’au soir. Il doit se relaxer et faire des pauses, réorganiser sa vie et mieux la contrôler.
3) Un stress soutenu face à la nécessité de défendre sa vie. C’est le syndrome “ se battre ou fuir ” (voir interview). Le patient développe des gestes quotidiens qui lui font renouer avec le sentiment de sécurité.
4) Le chagrin vient souvent de la perte d’amis proches. Les patients apprennent à identifier et à apaiser leurs sentiments de chagrin.
5) La déprime ou la dépression permanente. La joie et l’enthousiasme sont absents de la vie pendant une période importante.
B) Les cofacteurs qui relancent le système immunitaire -
6) Avoir un but, un objectif à atteindre dans la vie. Le sujet ne doit pas se laisser obnibuler par l’idée de la mort. Il doit rechercher ce qu’il a envie de faire et se donner les moyens de le réaliser.
7) Le besoin de s’affirmer, apprendre à dire non, savoir ce que l’on veut agit directement sur la prolifération des cellules tueuses. On est maître de son temps, de son énergie et de ses ressources.
8) Des amis sur qui l’on peut compter. Il est nécessaire d’avoir au moins une personne dans son entourage à qui l’on peut se confier pour partager des choses personnelles sans éprouver d’inquiétude.
9) Faire face aux moments difficiles. Etre moins émotif et moins passif, se recentrer dans l’action. Un conseiller et des lectures aident à développer des stratégies pour surmonter les moments difficiles.
C) Les cofacteurs liés à la santé corporelle et aux habitudes de vie -
10) Des exercices de respiration profonde.
11) Absorber de l’eau est important pour bien éliminer.
12) Appétit et alimentation : la qualité et la quantité de nourriture influencent le système immunitaire.
13) Le sommeil. Plusieurs nuits de sommeil perturbé et le manque de repos agissent sur le système immunitaire.
14) Eviter tous les produits toxiques : cigarettes, alcool, drogues, etc.
15) L’exercice physique, en douceur et régulier.
D) Cofacteurs liés aux comportements face à la santé et aux questions médicales -
16) Eviter tous les comportements qui favorisent la transmission de virus et de germes.
17) S’occuper activement de sa santé.
18) Etre concerné par son état de santé.
19) Avoir une relation suivie et volontaire avec un thérapeute compétent.

* * *

INTERVIEW DU DOCTEUR JEFFREY LEIPHART

Q - Le mot “ cofacteur ” évoque la chimie du corps sur laquelle nous croyons n’avoir aucune emprise. Pour vous, les cofacteurs sont surtout psycho-sociaux.
JL - Le sida comprend la séropositivité, la génétique, l’histoire de la maladie, les cofacteurs biologiques et les cofacteurs psychosociaux. Beaucoup de choses agissent sur le système immunitaire.

Q - Comment en êtes-vous venus au programme LIFE ?
JL - Quand j’étais à San Francisco, j’ai remarqué qu’il existait des différences majeures dans les profils psychologiques des sidéens. Ceux qui étaient malades étaient très susceptibles au stress, à l’anxiété, à la peur, et ils étaient incapables de maîtriser leurs comportements émotionnels. Les autres étaient capables de faire face, ils étaient plus calmes. Je me suis demandé si le stress avait un impact sur le système immunitaire et j’ai étudié les écrits sur le sujet. J’ai découvert un champ de recherche complet qui s’appelle la Psycho-Neuro-Immunologie (PNI). Depuis, j’applique les découvertes de la PNI à toutes les personnes qui venaient me voir, et j’obtiens des résultats.

Q - Comment être certains que LIFE est efficace ?
JL - Nous étudions la psychologie des patients, nous évaluons leurs résultats et leurs progrès... Nous utilisons des questionnaires pour identifier les facteurs psychologiques actifs, nous faisons suivre le niveau de T4 par des laboratoires, nous évaluons l’importance des cofacteurs pour déterminer ceux avec lesquels les patients ont plus de difficultés, etc. Nous savons que 70% des personnes qui suivent le programme LIFE améliorent leurs résultats sur les 19 cofacteurs. Et 70% de ces 70% ont une baisse notoire de leurs symptômes liés au déficit immunitaire. Nous avons donc la certitude que le programme est efficace.

Q - Comment se déroule le programme LIFE ?
JL - La première partie dure 6 mois et elle se divise en deux périodes de trois mois. C’est une “ éducation psychologique ” de groupe avec des conférences et des informations. Les patients comprennent les cofacteurs, le rôle qu’ils jouent dans leur santé, ce qu’est un mauvais résultat, pourquoi il se produit et son effet sur le système immunitaire. Ils comprennent ce qu’est un bon résultat, ses causes et son effet sur le système immunitaire. Puis ils identifient les cofacteurs qui fonctionnent bien et ceux qui ne fonctionnent pas bien pour eux. Les patients parlent entre eux, ils développent le désir d’aider ceux qui sont faibles là où ils se sentent plus forts et vice-versa. Au bout de trois mois, chaque patient est encadré par un conseiller qui le fait travailler sur les cofacteurs pour lesquels il est plus faible. Cette deuxième phase dure aussi trois mois. Ensuite, les patients peuvent choisir de quitter le programme LIFE ou d’entrer dans un groupe de soutien qui dure une semaine, six mois ou un an, selon les besoins.

Q - Quels furent les premiers cofacteurs identifiés ?
JL - Le premier cofacteur est le stress, mais tous les stress ne font pas descendre le système immunitaire. Le stress dangereux, c’est celui qui dure sans qu’on puisse voir une issue, quand on est en permanence devant la nécessité de préserver sa vie, quand le sentiment de sécurité est sans cesse menacé. Le corps est dans un état de tension intense qui dure aussi longtemps que le sentiment de menace, et toutes les fonctions corporelles tournent en surrégime : la respiration, le rythme cardiaque, la consommation d’oxygène, etc. Deux fonctions sont en sous-régime, l’appétit et la digestion. Le sujet n’a plus faim et il est incapable d’assimiler des aliments. L’organisme ne possède pas assez de ressources pour faire face de manière durable à cette double confrontation : des dangers extérieurs et l’agression contre le système immunitaire. Les muscles ont un surbesoin d’oxygène, l’oxygène a besoin de globules rouges et l’organisme diminue la quantité de globules blancs dont font partie les défenses immunitaires. Quand le danger est passé, on pousse un grand soupir, car on n’a plus besoin de tout cet oxygène. Le système immunitaire retrouve alors son équilibre.

Q - Parmi les 19 points du programme LIFE, lesquels vous semblent plus importants et nécessitent un travail plus important ?
JL - Le stress à long terme, la dépression et le chagrin agissent avec beaucoup de force. Avoir un but dans la vie, une raison d’être est aussi très important. Si une personne traverse une phase difficile au point de ne pouvoir imaginer qu’il existe une issue et qu’elle pourra s’en sortir, elle finit par lâcher prise et perdre sa volonté. De même, il est essentiel d’avoir des amis à qui l’on peut se confier. Dans les cas de déprime grave (de cafard), d’une grande douleur intérieure ou d’un stress important, on a besoin d’amis car leur présence est un soutien psychologique qui agit directement et positivement sur le système immunitaire.

Q - Vous attardez-vous sur certains cofacteurs ?
JL - L’emploi du temps de LIFE est très précis. Nous identifions les cofacteurs les plus actifs et nous passons à la phase 2 : le patient apprend à inverser ses résultats négatifs pour les rendre positifs. La plupart des patients ont trois cofacteurs réellement négatifs. La peur de mourir est le plus courant dans tous les groupes. Les homosexuels souffrent souvent d’une grande détresse car le sida a emporté plusieurs de leurs amis proches. Pour les femmes hétérosexuelles et séropositives, l’un des principaux cofacteurs est le manque de soutien moral et social. Elles sont isolées, elles n’osent pas parler de leur problème et elles ne connaissent pas de femmes qui sont dans leur cas. Elles s’occupent de leur mari, de leurs enfants et elles négligent leur propre santé. Elles doivent réapprendre à s’occuper d’elles. Nous proposons des programmes différents et spécifiques à chaque groupe : homosexuels, femmes, toxicomanes, etc.

Q - Que pensez-vous de l’action du VIH ?
JL - Il y a deux ans, j’ai rencontré Montagnier à l’Institut Pasteur à Paris et je lui ai demandé : Pourquoi ne parlez-vous pas plus ouvertement des cofacteurs ? Il m’a répondu : “ Je suis assis entre deux chaises. Je sais que le VIH seul n’est pas assez fort pour déclencher le sida. Il faut des cofacteurs qui peuvent être biologiques et psychologiques, nous ne savons pas exactement ”. Je lui ai répondu : “ Moi, je le sais... ” et il a souri. Il a déjà parlé du stress psychologique, notamment dans un film réalisé par Agnès Charlet. Dans certains cas, les cofacteurs psychosociaux sont si mauvais qu’ils peuvent entraîner le sida sans le VIH. Nous savons aujourd’hui qu’il y a des centaines de personnes qui ont le sida sans VIH. Ce n’est plus un secret.

Découvrez la traduction française du Programme LIFE sur ce site


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