" Claris "

 

Merci pour votre site, bravo pour ce travail.

Diagnostiquée séropositive en 1990, je vis en santé et sans aucun traitement depuis. L'enfer fut plutôt psychique. Dans vos pages, j’ai trouvé ce qui me manquait le plus depuis le début de ma terrible aventure : I'écho d'autres " survivants ", des paroles enfin POSITIVES d'individus qui refusent la fatalité médicale !

Car si je me sentais bien seule avec mon histoire, si j'avais envie de rencontrer d'autres " zoulous " comme moi, rien ne me faisait plus peur que de me heurter à des gens acceptant la pensée " officielle ", et que prenne pouvoir sur moi le terrible scénario auquel j’avais toujours refusé de croire. Ma maigre bouée de sauvetage était de penser qu'il y avait une autre vérité, que la médecine se plantait quelque part, ma mince preuve vivante, c'était moi avec ma petite santé qui ne défaillait pas.

Ma lutte, c'était contre les doutes, les pensées noires. J'étais mortifiée par un secret dont l'angoisse, je le savais, devait se dessiner dans mon regard et mon corps tout entier et mettre mal à l'aise les autres. J'étais morte et vivante, jeune et vieille, semblable et étrangère... authentique et tricheuse.

Dans cette solitude, j'avais très envie de rencontrer d'autres séropositifs, mais j'avais peur du ghetto, de l'association de " lépreux ", ma revendication, c'était de continuer à vivre parmi les autres tout à fait normalement. Étant donné le contexte, ça ne pouvait être qu'en gardant le secret, et donc, seuls quelques proches le savaient

En 96, j'ai rencontré un homme super, je pensais que mon virus le ferait fuir, mais ça ne l'a pas impressionné du tout, j’ai eu la chance de vivre l'amour tout simplement, la séropositivité n'y avait aucune place. J'ai cessé les analyses qui me stressaient, mon compagnon n'a jamais fait de test, cette liberté ne concernait que nous. Mais pour la médecine et pour certains amis nous étions hérétiques, nous nous en sommes rendu compte lorsque j'ai attendu un enfant en 97.

La naissance de mon fils a été un grand bonheur, c'est un enfant de l'amour et c'est bien plus fort que toutes les emmerdes que nous ont cherchées les médecins des Lilas. Il est vrai que j'ai refusé le traitement à l'AZT qu'ils m'offraient ; surs de leur chapelle, ils ont usé de tout : soupçons d'appartenir à une secte, culpabilisation, accusation d'être une mère criminelle, menaces de me retirer l'enfant à la naissance pour le traiter, au moment d'accoucher et en pleines contractions : signature d’un papier déchargeant la clinique de toute responsabilité et précisant que j'étais consciente des risques que je faisais encourir à mon enfant, enlèvement de l'enfant à peine arrivé sur ma peau, chambre isolée après l'accouchement avec bouteille de javel à mon chevet... mais ça n'était pas grande chose à côté de mon bonheur : mon petit garçon était beau comme tout et en pleine santé.

Il a aujourd'hui trois ans, a une énergie fabuleuse, beau comme un soleil et en excellente santé, ceci sans que j'ai jamais eu à lui donner le moindre médicament, hormis quelques granules homéopathiques pour des petits maux. Quant au test, je ne le lui ai pas fait. C'est peut-être faire l'autruche, mais ce qui compte pour moi, c’est de le voir vivant et heureux.

Si je fais un autre enfant, la question se posera, c'est sûr, de " avec qui accoucher ? ", car il est hors question de retourner aux Lilas. En outre, de plus en plus dissidente, et décidée à ne plus me laisser voler ma maternité, j'allaiterai.

Voilà, merci de m’avoir donné cette occasion de partager mon expérience, j'aurais aimé plus parler de mon chemin intérieur et réfléchir au rôle du HIV, alors à bientôt sûrement.

" Claris " 19/06/2001


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