CONFERENCE SUR LE SIDA

Résumé de Martine Rualt de l’Association Cri-Terre,

47000 Marmande. Décembre 2000.

À quand le véritable débat?

 

La conférence sur le SIDA animée par le Professeur Etienne de Harven, anatomopathologiste spécialisé dans l'étude des rétrovirus, actuellement à la retraite, et Mark Griffiths, diagnostiqué séropositif en 1986, a attiré plus de quatre-vingts personnes vendredi 24 novembre.

Dans un silence absolu, Mark Griffiths nous a exposé son parcours de révolté marginal et toxicomane, sa descente aux enfers, sa séropositivité, son refus de la condamnation et de la mort, sa lutte pour surmonter ses tendances autodestructrices, sa découverte progressive de la santé, et enfin son combat contre l'orthodoxie médicale. Il nous a raconté la grossesse infernale de son amie séropositive, la proposition d'avortement thérapeutique trois mois avant la naissance, les pressions pour traiter l’enfant et la mère à l’A.Z.T., le diagnostic de séropositivité de l’enfant à la naissance, et celui de séronégativité à l’âge d'un an, malgré ou d’après lui, grâce à l'absence de tout traitement ... Il a exposé ses lectures, ses contacts, son action au sein du mouvement "dissident", ses activités de traducteur et d'animation de son site Internet.

Puis Etienne de Harven a pris la parole: un parcours tout différent d'homme de science adonné à ses recherches dans divers laboratoires aux Etats-Unis. Il nous dit son étonnement lors de l'annonce de la proclamation du VIH responsable du Sida, une proclamation politique qui n'aurait été étayée par aucune publication scientifique, et qui ne correspond pas à ce qu'il sait des rétrovirus. Désormais à la retraite, Etienne de Harven se consacre à l’étude systématique des textes relatant les recherches sur le YIH. De plus en plus perplexe, il accumule des preuves, ou plutôt des absences de preuves scientifiques de l'existence d'un rétrovirus à l’origine du syndrome immunodéficitaire : le virus n'aurait jamais été isolé au sens scientifique du terme, les tests ne seraient pas spécifiques du syndrome, la presse se serait emparée de résultats d'études trop souvent mal menées et aurait colporté hâtivement des conclusions reconnues par la suite inexactes. Une étude, cependant, a retenu son attention par sa qualité et sa rigueur : le "projet Concorde", qui compara la mortalité de deux populations séropositives, l’une traitée par AZT, l'autre par placebo. Or, on aurait observé 25 % de mortalité en plus chez les individus traitées par l'AZT. Cette étude fut rapidement abandonnée... Des questions lui semblent sans réponses: pourquoi le syndrome ne touche-t-il pas significativement les prostitués dans les pays développés, pourquoi touche-t-il les hommes à 90% aux Etats-Unis et à 50% en Afrique? Enfin, il constate sceptique l'augmentation des diagnostics de séropositivité dans ce continent : tout y est Sida bien sûr puisque la tuberculose, le paludisme, la malaria et autres maladies couramment répandues sont indifférenciables de celui-ci par les tests officiels. Mais les traitements, qui eux sont spécifiques du Sida, et les aides internationales qui ne le sont pas moins, sont ils vraiment de nature à lutter contre des épidémies de paludisme ou de tuberculose, s'inquiète-t--il?

Telles sont les interrogations que cet ancien chercheur nous expose pas à pas, précisément, sans précipitation ni effet de style, une invitation au raisonnement, à la rigueur, puis finalement au doute et à l'incrédulité. Où sont l'orthodoxie médicale, les certitudes des médecins sur les résultats des tests, les promesses de vaccins, les espoirs thérapeutiques, et même, la nécessité du préservatif salvateur? Et si en plus, on avait achevé les hémophiles à l'A.Z.T.?

Vient alors le moment du débat et l'on attend avec impatience les réactions de l'assistance. L'association Cri-Terre a particulièrement soigné ses invitations pour cette conférence : tous les médecins, pharmaciens et personnels paramédicaux de la région ont été invités (normalement). Certainement, le débat va être animé et l'on espère des argumentations scientifiques, peut-être un peu ardues mais indispensables après de telles assertions. Mais non, déception... Une personne exprime son bouleversement de façon passionnelle. Elle ne reprend aucune des interrogations d'Etienne de Harven, aucun argument. Il semble qu'elle n'ait rien entendu de sa démarche, et qu'elle ne veuille même pas entendre sa réponse. Quatre ou cinq personnes font de même et quittent la salle sans avoir dit un seul mot. Mais peut-être des médecins, des chercheurs, des travailleurs dans le secteur social vont intervenir, contr'argumenter, rétablir nos certitudes ? Non..., rien. Quelques questions réclamant des précisions, quelques témoignages d'amitié et le débat se termine sans avoir réellement commencé.

C'est dommage. Le sujet est d'intérêt vital, ne l'oublions pas. Etienne de Harven et Mark Griffiths sont représentatifs d'un mouvement qui de par le monde compte de nombreux sympathisants, dont des scientifiques, et des hommes politiques comme le président Sud Africain, Thabo Mbeki, qui s'inquiète de l'inadaptation de l'aide internationale apportée au continent Africain. Leur prise de position est lourde de conséquence et il convient de réagir rapidement, mais le monde médical reste muet, peut être trop isolé dans sa tour d'ivoire pour envisager de répondre, ne laissant derrière lui que des témoins sans voix ne pouvant faire passer un autre message que celui de sa dignité outragée.

À quand le véritable débat ?


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