Jardinier
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Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'au départ il n'y a eu aucune planification dans tout ça...La planification est venue après la trouvaille, via les campagnes médiatiques et autres...
Sans doute, mais ce que je m'attache à montrer, et je ne suis pas le seul, d'autres le font en étudiant les questions clés sous d'autres angles, c'est que c'est quand même lié à des évolutions précises du statut de la science et de ses usages, à des changements de prééminence de telle ou telle discipline, à des contextes politiques... Watergate, inérim de Gerald Ford, come back éphémère des Démocrates avec Carter, contre-attaque musclée des Républicains avec l'arrivée de Reagan...
Je trouve que Pêcheux et Gadet résumaient assez bien les choses quand ils écrivaient dans leur bouquin de 1981 que j'ai cité : "Depuis quelques annés, la polémique poitico-scientifique entre les behaviouristes et les humanistes semble s'apaiser aux USA au fur et à mesure que la position empiriste radicale s'avère intenable et que le rationalisme se naturalise par le biais des universaux biologiques. La biologisation de la politique et le chemin libéral vers le "moindre Etat" apparaissent de plus en plus comme deux dispositifs stratégiques alternatifs et complémentaires : les règles de la Vie intériorisent les injonctions du Droit."
Il faut bien voir que "la naturalisation du rationalisme par le biais des universaux biologiques", même si ça tient en très peu de mots, c'est vraiment tout un programme, aux conséquences potentielles immenses, en particulier en termes de déploiement de nouvelles méthodes d'acculturation.
En clair, à partir des années 1970, les courants politico-intellectuels favorables au darwinisme social auraient en quelque sorte refondé leurs moyens d'agir tant théoriques que pratiques, et les résultats de cette refondation seraient devenus opérationnels environ au moment de l'arrivée de Reagan.
Donc, je ne dis pas qu'il y a eu précisément planification du sida, mais on ne peut pas savoir exactement certaines choses, comme le lien exact avec la mise au point du vaccin de l'hépatite B par le Docteur Smusz (voir sa biographie sur wikipédia, c'est très intéressant) au Blood Center de New York, qui avait fait appel au volontariat de plus de 1000 homosexuels. De même, on sait que Duesberg et Gallo avaient travaillé à l'Institut de Recherche sur le Cancer, où du reste les militaires de Fort Detrik avaient un temps installé une "facility". Mais dans le détail, même si E. de Harven a sans doute raison, on ne peut pas établir de liens tellement plus précis que ce qu'il nous en a dit, autres que corrélations possibles ou hautement probables.
Sur la toxicomanie, Nancy Reagan avait créé une fondation d'intervention en tant que femme du Président. Quand on sait que Laura Bush a fait une véritable croisade pour l'abstinence en Afrique et aux usa, on peut imaginer que l'arrière-pensée de Mrs. Reagan était de s'attaquer non seulement aux méfaits de la toxicomanie, mais aussi par la même occasion aux "moeurs décadentes" des gays et à "l'irresponsabilité" des Noirs, et diverses autres "plaies" du même ordre.
Et puis peut-être que nous devrions commencer par balayer devant notre porte, et réfléchir à ce qui se passait précisément en France sur le plan politico-scientifique dans les années 1981-1987, logiquement cela devrait être un peu plus à notre portée. Encore que bien sûr, on soit vite confronté à un certain autisme, sinon à une véritable apahasie, quand on commence à poser les "mauvaises questions" à ce sujet.
La première partie du titre de ton thème d'étude, m'inspire que la révolution sexuelle fut une révolution en soi plus que socialiste, qu'il fuadrait ensuite inverser les termes et parler de sexualité (dans la société) néo-libérale.
En tout cas, bravo pour "la condomisation des rapports sociaux", c'est vraiment latexcellent !!!
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@ Takeshi,
Voilà un petit wiki rien que pour toi et les autres lecteurs de ce forum :
Oui, il y a quelque chose de juste dans ce que tu dis de l'oxymore, du puritanisme pornographqie, etc. Sauf que le puritanisme et la pornographie, c'est une très longue histoire, qui renvoie en fait à des champs très vastes de la culture et de la connaissance. Dans ce qui nous reste accessible de la culture anglo-saxonne jusqu'à la fin du XIX ème siècle, la pornographie semble avoir été assez occultée à quelques oeuvres libertines près - qui du reste ne sont donc pas pornographiques stricto sensu. C'est surtout à partir des années folles aux usa, je pense, que la pornographie devient peu à peu là-bas non seulement une chose publique plus ou moins médiatisée, mais un sous-bassement esthétique, culturel, et partant sociétal, en relation avec des industries culturelles de masse. Dans l'Europe catholique, c'est un peu différent, ça transparaît assez nettement avec la Contre-Réforme : les apollons et saintes orgasmiques de Michel-Ange en Italie, les églises barroques et leurs fameux rétables en Espagne, où le sado-masochisme orgasmique s'en donne à coeur joie. Venise nous a laissé dans la peinture de beaux souvenirs de carnavals et fêtes orgiaques en temps d'épidémie. Dans les pays germaniques au 20 ème siècle, aprés les préfigurations (déjà ?) nécrosées de l'expressionnisme dans la Vienne fin de siècle qui inspira Freud et quelques autres grands écrivains et penseurs, l'Eros a demi refoulé a finalement donné libre cours au kitsch... et à bien pire sur d'autres plans.
La tolérance répressive est un concept de critique sociale marxiste très précis. Marcuse appartenait à l'Ecole de Francfort - qui existe toujours et dont le chef de file actuel, Axel Ohneth, a publié récemment un livre qui s'intitule La Société du mépris (Editions de la Découverte).
Selon des documents que j'ai retrouvés récemment, Marcuse aurait fait appel à ce concept de tolérance répressive en particulier dans le contexte de 1968, comme dans sa correspondance avec Rudi Dutchke, alorsque lui, Marcuse, vivait en Californie et observait à la loupe la "révolution des fleurs" et l'insurrection des campus américains. Je pense que c'est un concept qui pourrait avoir fait date et avoir été amplement instrumentalisé par des intellectuels, politologues et idéologues tout sauf proches de la pensée de Marcuse et du courant de pensée auquel il se rattachait. D'où en un sens, si l'on veut, certains des oxymorons pseudo-paragdimatiques dans l'air du temps aujourd'hui.
En tout cas, je trouve peut-être un peu court ton raccourci final (sic) :
Sauf que la perversion est du côté de ceux qui ont accueilli avec enthousiasme la "divine surprise" de l'épuisement immunitaire sexuellement transmissible... Comme suggéré par ailleurs, le seul lien traçable entre sexualité et"SIDA" est celui des drogues censées avoir des effets libidinaux.Pour la perversion, ça dépend à qui et quoi tu fais allusion : c'est en partie la peur panique et le désespoir qui ont accéléré certaines choses dans un contexte particulier, politiquement et socio-économiquement déterminé. Difficile à ce jeu de massacre de dire où étaient les plus pervers et qui l'était le plus. Et comme ce genre de difficulté à dire est exploitable, comment ne serait-il pas exploité ?
Pour la traçabilité du lien entre drogue et sida, c'est à peu près comme tout le reste de ce qui s'en est dit et s'en dit. Même si il il y a des indices incontournables, ça reste aléatoire par manque de précison et d'objectivité dans la plupart des analyses et communications - discussions de comptoir, sciences sociales, épidémiologie et immunologie, versions médiatiques, dissidentes, etc. J'ai presque l'impression que dès qu'on essaie d'avancer des faits étayés par des raisonnements vraiment conséquents et par des chiffres, des données cliniques, théoriques, historiques, etc., ce qui s'en dégage produit toujours dans le discours et dans les processus socio-politiques et scientifiques des noeuds inextricables de rapports de force, de culpabilités et de refoulements (peut-être, si on veut), qui empêchent systématiquement de déboucher sur quoi que ce soit de vraiment tangible, concluant et constructif. Dans la plupart des analyses critiques, ça pêche presque toujours par des faiblesses argumentatives ou autres qui neutralisent plus ou moins les avancées intéressantes desdites analyses. Ca se joue aussi, bien sûr, à travers les lourds effets de répétition des interprétations propagandistes et dans la façon dont en est travaillée la contre-propagande qu'elles suscitent, ainsi qu'à travers tout ce dont nous ne pouvons avoir que très indirectement connaissance : la terra incognito des relations de fait entre l'industrie pharmaceutique, la recherche, la santé publique et les ONG - relations sans doute souvent conflictuelles -, et le théâtre d'ombre de toutes les pratiques que prescrivent et délèguent sur le mode de la réaction enchaîne, à l'issue là aussi sans doute de maints conflits plus ou moins larvés en coulisses, les instances qui détiennent le plus de pouvoirs décisionnels et programmatoires en termes d'enjeux politiques, sociétaux... et sanitaires.
@ Brume :
J'aurais beaucoup à te dire, sinon à te répliquer, sur les superstitions, la métaphysique, la PNL, etc. Mais là, j'en suis arrivé à une heure impossible de la nuit, et compte tenu de tout ce que je viens de débiter, j'ai un peu la cafetière qui chauffe, comme qui dirait. Mais peut-être bientôt, je vais te répondre sur ces 3 "topics" quand même assez névralgiques.
Amitiés à tous
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"Chaque spécialité est très compartimentée, et la recherche est très verticale, par pathologie, or, la recherche pour Alzheimer, par exemple, peut servir pour autre chose."
Je ne serais même pas surpris, de plus, que les doctes affirmations sur les spécialités compartimentées et la recherche qui est très verticale relèvent pour partie de la dénégation et de la stratégie de communication.
Quant à savoir jusqu'à quel point ils se foutent des sidéens... Si encore ils ne s'occupaient pas d'en réclamer et d'en fabriquer !
On voit bien en tout cas que la com et le reste forment un tout. Et si le texte de conférence que Kill nous a balancé ci-dessus est récent, il y a vraiment de quoi être pantois du hiatus que ça constitue par rapport à divers points des préconisations du nouveau plan de lutte : le bénéfice-risque des ARV au profit des patients serait certain, il n'y aurait aucun doute sur l'utilité de la mise sous traitement sans délai... alorsque le texte de la conférence énonce explicitement le contraire !
De quoi y perdre son latin, comme toujours...
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Dans le texte de ton lien :
La méfiance vis-a-vis de cette technique et les questions qu’elle pose ont permis aux recherches de continuer dans un environnement plus calme et serein.Je trouve que Marie-Odile Monchicourt aussi est une sacrée pro !
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Voilà, pour m'en tenir à ce que je distingue le plus nettement dans un premier temps, ce que m'inspire cet article :
Parmi les problèmes non résolus par les chercheurs, figurent les mécanismes complets qui sont à l'origine des troubles du métabolisme cellulaire, le rôle des facteurs viraux et celui des antirétroviraux eux-mêmes. En effet, s'il semble établi que l'inflammation due au VIH et le traitement sont en cause, quel est le rôle du contexte inflammatoire lui-même sur le métabolisme cellulaire, et quelles sont les conséquences physiologiques et immunologiques de l'infection et du traitement ? Par ailleurs, les patients infectés chroniquement montrent des comorbidités liées à l'âge, plutôt que dans la population générale (lipodystrophies, complications métaboliques, maladies cardiovasculaires et rénales...) Et là encore, des questions restent sans réponses. Quelle est la relation entre le vieillissement naturel et les changements pathologiques induits par le VIH ? Quelles sont les conséquences physiologiques et immunologiques au long cours de l'infection et des traitements antirétroviraux ?Sans entrer dans une analyse très détaillée, il est clairement énoncé ci-dessus que les chercheurs ne parviennent toujours pas à faire distinctement la différence entre les effets de l'infection au VIH et ceux des antirétroviraux :
- "le rôle des facteurs viraux et celui des antirétroviraux eux-mêmes" = "problèmes non résolus"
- "il semble établi que l'inflammation due au VIH et le traitement sont en cause"
>> Mais on en sait pas plus, il semble, mais sans plus...
- "quelles sont les conséquences physiologiques et immunologiques de l'infection et du traitement ?"
>> Eh bien, ma bonne dame, on a beau chercher, on sait toujours pas !!!
- "Par ailleurs, les patients infectés chroniquement montrent des comorbidités liées à l'âge, plutôt que dans la population générale (...) Et là encore, des questions restent sans réponses."
>> Là, c'est carrément un mixte de petit nègre et de charade, et ça veut dire en clair que les patients ont de monstrueux problèmes de vieillissement précoce que n'a pas la population générale : "lipodystrophies, complications métaboliques, maladies cardiovasculaires et rénales..." Comme on ne sait pas si c'est dû à la maladie ou aux traitements, sans même entrer dans d'amphigouriques questions de proportion, ben vrai, en 15-20 ans, on a vraiment bien avancé sur les points les plus importants, n'est-ce pas ?
Mais on a quand même trouvé des solutions d'attente, comme distribuer de l'antiride Botox aux patients encore jeunes les plus défigurés, ce qui se pratiquerait discrètement en France, et systématiquement, quasi par décret, dans tous les centres de soin du sud de l'Espagne !
- "Quelles sont les conséquences physiologiques et immunologiques au long cours de l'infection et des traitements antirétroviraux ?"
>> sans même entrer dans d'amphigouriques questions de proportion, ben vrai, en 15-20 ans, on a vraiment bien avancé sur les points les plus importants, non ?
Voili-voilà, cher Kill !
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A Brume :
Je crois qu'en raison de sa lutte pour la survie, l'homme est très sensible à des images, des symboles (des dieux, des esprits, des maîtres, des objets, des pensées, ça peut être de tout), auxquels il attribue une valeur protectrice, bienveillante. Ces "choses" ont un réel pouvoir sur et pour lui, mais seulement parce qu'il leur attribue cette valeur, non pas parce que "la chose" en soi possède cette valeur ou force. C'est purement subjectif, c'est le pouvoir de la personne elle-même qui est à l'oeuvre, non pas ceux de l'icône ou du dieu ou de l'esprit dans les coulisses. Ce besoin peut être facilement exploité, peut-être avec les meilleures intentions, mais même au mieux, ça reste une aliénation.Pour ceux qui lisent l'anglais, pas plus tard qu'aujourd'hui je tombais sur ceci, en gros une étude qui démontre que les gens fonctionnent mieux s'ils ont un objet de superstition.
Je ne suis pas sûr que l'étude dont tu nous parles - nous n'avons accès qu'à un résumé - "démontre" quoi que ce soit, sinon que ses auteurs encouragent leurs lecteurs, avec une réthorique attestant de présupposés utilitaristes et compétitoires éhontés, à exploiter le besoin dont tu nous parles très justement dans ton paragraphe précédent - à ceci près que la sensibilité de l'homme aux images et aux symboles a à voir non seulement avec sa lutte pour la survie, mais avec la lente émergence du politique et de la raison.
Si le chamane, plus ou moins délibérément, met entre guillemets la technique protectrice consistant à se vêtir de la peau des autres mamnifères, c'est qu'il perçoit la nécessité de tracer une limite symbolique entre les hommes et les animaux, limite qui ouvre la possibilité de conceptualiser le bien et le mal en tant que réalités immanentes d'abord, puis transcendantes ensuite, par inflation transitoire du politique et de la raison, phase de l'histoire humaine dont nous ne sommes pas encore sortis, mais à laquelle nous cherchons une issue en tatonnant, quitte à fantasmer le Surhomme, puis éventuellement les effrayantes et tententes perspectives du post-humanisme, qui à mon avis, tout comme le fantasme du Surhomme, relèvent plus de la pulsion de mort que de son antithèse dans la doctrine freudienne.
Pour revenir au sida, il serait peut-être intéressant de l'envisager sous l'angle d'un concept qu'avait développé Herbert Marcuse : celui de la "tolérance répressive".
Amitiés
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A propos de 21ème siécle religieux, j'avais glissé un petit entrefilet entre parenthèses dans un de mes posts :
(Je vis dans une ville où la présence active de catholiques intégristes a donné lieu - avec au départ la complaisance sinon la complicité du maire et du préfet - à la constitution d'une école privée et d'un groupuscule professant de concert la référence au nazisme et à l'antisémitisme avec une rare violence, tant symbolique que psycho-sociale et même physique...)Il s'agit de ces catholiques intégristes dont le pape Benoît XVI à récemment levé l'excommunication. A l'école du Bon Pasteur, on enseignait des chants lourdement antisémites à des enfants de 6 à 12 ans, et pour les plus grands, les cours d'histoire étaient assurés par des révisionnistes chevronnés. Parallèlement, un groupuscule de jeune gens de la même obédience était entraîné par un militaire à la lutte armée contre les immigrés. Lequel groupuscule pourrait avoir ses équivalents dans la plupart des régions de France.
Brume, bonne vacances, mais tu vas me manquer, et je ne serai sans doute pas le seul dans ce cas sur ce forum.
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@ Kill : Attention quand même à la mise en page ci-dessus. Avec la mention "Jardinier" interlignée en haut à gauche au-dessus du pavé contenant les 3 quote, un lecteur distrait pourrait penser, au moins dans un premier temps, que les 3 se réfèrent à des propos de mon cru, et pas seulement les 2 derniers.
Or, je ne suis pas d'accord avec Bamboo sur sa logique et sa réthorique fatalistes concernant les bernés consentants : par définition ce sont des gens qui ne perçoivent pas suffisamment clairement la réalité de ce qui leur arrive quand ils se font berner. Même si il est humain - trop humain - d'éprouver parfois à l'égard des dits bernés un mélange de colère et de mépris, généraliser et tendre à faire de ce sentiment, sans les relais de pensée et médiations nécessaires, une sorte de vérité axiomatique, cela pose à mon avis un ensemble de problèmes assez évidents et regretttables. Après tout, que l'on soit rousseauiste ou autre chose, la plupart des formes de "bêtise" ne relèvent-elles pas plus d'un fait social (pour faire vite) que d'une spécificité humaine à proprement parler ?
Je suis tombé pas plus tard qu'hier soir sur un petit texte publié par une revue littéraire que j'avais oubliée dans un coin de ma bibliothèque. Voici un extrait du texte en question :
"Le retour de l'indignation est inscrit dans les gènes de la civilisation prophylactique. A force d'organiser des téléthons pour le malheur, on n'a rien prévu pour le mal. Depuis 40 ans les antibiotiques de la pensée sont administrés à titre préventif. La société est devenue un vaste hôpital dont les tuyaux se sont multipliés. L'aération condense les germes. La désinfection est inefficace. La pensée nosocomiale se répand.
"[...] Le système médiatique et le corps enseignant [...] essaient de faire passer cette cure d'antibiotiques pour spécifiquement dirigée contre les germes du fascisme. Mais le spectre, plus large, est prévu pour jeter le doute sur les indignations qui n'emprunteraient pas la voie obligatoire. Les chefs de clinique de la pensée sont en train de s'affoler avant le passage de la commission d'inspection. Ils prétendent que le personnel a commis des fautes et que les protocoles n'ont pas été respectés . Ils nous dissimulent que la principale cause de la flambée infectieuse est l'abus des médicaments qu'ils ont prescrits (tout en déplafonnant les honoraires, est-il besoin de le préciser)."
Christian combaz, La revue littéraire, Editions Léo Scheer, avril 2004.
Bien à vous, votre dévoué copiste-dactylographe
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C'est leur problème, quand ils sont suffisamment informés pour faire des choix en connaissance de cause, ce qui de toute évidence n'est pas exactement le cas, compe tenu que la prévention et la quête de l'acceptation des "soins" font appel à des méthodes fondamentalement propagandistes. Par exemple quand elles omettent de préciser que les prémices théoriques des choix politiques relèvent autant de méthodes de sciences sociales annexées pour la circonstance, que de résultats et de projets de la recherche en biologie et virologie. Par exemple aussi quand elles affirment et répètent à l'attention du commun des mortels, avec des accents dramatiques en lieu et place d'explicitations détaillées sur les marges de doute quant aux "avancées scientifiques", qu'il faut souscrire à un traitement à vie le plus rapidement possible après un dépistage positif reposant pour partie sur des enquêtes comportementalistes auprès des patients potentiels.
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@ Kill Elisa : Je suis assez d'accord avec le sens des questions que tu poses. Les arrière-pensées que tu décris sont tout à fait vraisemblables. Et c'est sûr que dans le principe, l'idée de la pilulle préventive renforce la représentation promue de longue date de la dangerosité mortelle de tout contact sexuel hors "norme".
@ Kill et à tous :
Par ailleurs, dans le texte sur la page internet que tu sites, voilà ce qu'on trouve :
"Les antirétroviraux [4] sont efficacement utilisés dans la réduction de la transmission du VIH de la mère à l’enfant depuis 1994. Ils permettent également de réduire le risque de contamination par le VIH chez des personnes qui ont été accidentellement exposées au virus ; par exemple, sous la forme d’un traitement dit « post-exposition » (également appelé « traitement d’urgence » ou TPE).
"Il reste à démontrer que donner des antirétroviraux à des séronégatifs avant un risque d’exposition au VIH puisse permettre de réduire le risque de contamination. C’est le concept de prophylaxie pré-exposition (PrEP [5]). Cette expérience a déjà été menée avec succès chez des macaques. L’efficacité de cette stratégie reste à démontrer chez l’homme.
"Des recherches sont menées dans ce but depuis 2002, dans des contextes où le nombre de personnes touchées par le VIH est élevé ou dans des populations à haut risque d’infection par le VIH (usagers de drogues par voie intraveineuse, hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes et travailleurs/euses du sexe). Trois de ces essais concernent des gays/HSH aux Etats-Unis, en Afrique du Sud, au Brésil, en Equateur et au Pérou [6]. Leurs premiers résultats sont attendus dans les prochains mois.
Actuellement, il n’y a pas d’essai de PrEP conduit en Europe."
En d'autres termes :
- c'est en réalité le premier essai de PrEP conduit en Europe,
- c'est un projet de transposition de la TPE en traitement préventif,
- le texte ci-dessus montre clairement que c'est une expérimentation : "Cette expérience a déjà été menée avec succès chez des macaques. L’efficacité de cette stratégie reste à démontrer chez l’homme."
Donc : le procédé existe déjà pour la protection des personnels des professions médicales, mais jusqu'à présent ils sont les seuls à en bénéficier... en Post-Exposition.
Donc, en contradiction à peu près totale avec ce qui concerne la TPE, dont on ne nous dit pas du reste dans quelle mesure l'efficacité du procédé a été démontrée ou non, on prend les usagers d'établissements gays et autres "membres de groupes à risque" - parmi lesquels désormais les immigrés et migrants - comme segment intermédiaire entre les macaques et les populations humaines "normales". Quelles garanties leur offre-t-on par rapport aux risques inhérents à l'expérimentation en question ?
J'avais présenté et critiqué il y a quelques mois, sur ce forum et ailleurs, les principaux points du nouveau plan français de lutte et de prévention, et j'avais été frappé par cet aspect d'un nouveau projet d'expérimentation.
Dans les rapports d'activités de l'ANRS de 2007 et 2008, la docte institution faisait état de ses difficultés à recruter de nouvelles cohortes. Entre 2007 et 2008, les règles du cadre éthique/juridique de l'expérimentation ayant été renforcées, le nombre de cas "d'effets secondaires sérieux" recensés était passé de 563 à 700.
Au nombre des arrière-pensées possibles, il faut bien comprendre que, dans la logique du projet, les candidats au test de la pilulle préexposition devraient être des séronégatifs. Donc, pour être sûrs qu'ils seront séronégatifs, ils devront avoir été dépistés. Comme l'un des grands axes du nouveau plan de lutte et de prévention comporte le dépistage systématique en population générale, avec bien sûr un accent particulier mis sur les gays masculins, une des utilités de l'expérimentation, puis ultérieurement de la mise en usage éventuelle du produit préventif en question, serait qu'elle permettrait de systématiser le dépistage... et peut-être de mieux contrôler l'activité sexuelle des populations en recensant qui utilise le produit, dans quelles proportions, etc.
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Je ne sais pas pourquoi, l'une des 5 conférences n'est pas accessible sur la page de France-Culture. Mais toutes les conférences depuis le 7 janvier sont en ligne sous forme audio ici, sur le site du Collège de France.
Orthodoxe de bout en bout, le propos du conférencier n'en est pas moins riche d'enseignements de toutes sortes. Il permet de prendre la mesure de l'ampleur qu'ont pris au fil du temps le phénomène et le dispositif, et pour quelles raisons diverses, avec parfois des points de départ pour des analyses plus critiques, et quelques aveux semi implicites sur divers "points faibles", donc utiles éventuellement pour un travail de déconstruction de différents aspects socio-politiques, médico-scientifiques, économiques, etc.
On peut retenir par exemple ceci : Piot convient qu'il n'est pas infondé de considérer l'engagement financier direct de l'Etat américain - une ligne budgétaire de 15 milliards de dollars en 2003, une autre de 48 milliards en 2008 - comme une forme tout à fait nouvelle et caractérisée d'ingérence (c'est le terme employé) dans des pays étrangers. En fait, les USA ont saisi vers 2000 le Conseil de Sécurité de l'ONU, considérant que le sida déstabilisait des régions entières du monde et, partant, menaçait la sécurité des Etats-Unis. D'où le rôle accru de l'Onusida, relayé par divers G8 et autres G20...
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http://www.franceculture.com/emission-l-03...-du-savoir.html
Depuis lundi 7 juin, jusqu'à vendrdedi 11 juin, sur France Culture, de 6 heures à 7 heures du matin, une série de conférences de Peter Piot, ancien président d'ONUSIDA, professeur au Collège de France.
Une approche historique, politique, etc., avec des commentaires et des analyses d'une grande précision sur bien des points méconnus du grand public, et parfois des critiques inattendues qui se glissent dans l'exposé.
Le lien ci-dessus donne accès aux 4 émissions précédentes, qu'on peut podcaster ou enregistrer. La dernière sera diffusée demain matin.
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Pour les infos complètes sur cette affaire de CXCR4, au cas où vous n'auriez pas exploré tous les liens et pour ceux que ça intéresse et qui peuvent interpréter en finesse, ils sont ici, y compris vers le PDF de l'article intégral sur le Blood Journal :
Abstract : http://bloodjournal.hematologylibrary.org/...009-02-202796v1
PDF : http://bloodjournal.hematologylibrary.org/...int/115/18/3648
Communiqué CNRS : http://www2.cnrs.fr/presse/communique/1767...heme1=7&debut=8
Affaire à suivre à mon avis, histoire de voir de quel genre de poisson il s'agit, si il sera noyé ou pas, comment, pourquoi, etc.
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J'avais bien noté ton post récent dans un autre fil, et en particulier ceci :
S'aimer soi-même, permet de ne plus êtres dans l'attente de l'amour des autres, qui finalement n'arrive jamais . Et cet amour qui n'arrive jamais, se traduit par une science qui cherche désespérément et n'a aucune intention d'apporter une VRAIE solution.A ceci près qu'il peut y avoir plusieurs sortes d'amour de soi, certaines ressemblant plus que d'autres à l'égoïsme, ce n'est pas si mal vu.
Je te confirme que moi aussi, récemment, j'ai entrevu sur internet une enquête sur les artistes et la folie, avec des allusions à une classification normalisante et d'inspiration neuropsychiatrique (en gros) faisant appel à la notion de déviance. Bien entendu ! Le pire est qu'il y avait un espace pour les "réactions" des lecteurs à la suite de l'article... et que leurs appréciations sur le thème en question - art et folie - étaient à côté de la plaque à 80 %.
Pour ton dessin, qui ne me semble pas des plus explicites, je note la disparition des hyliques dans l'organigramme. Pour les curieux de la chose, voir les explications de Valentin.
Avec malice, certes, mais sans méchanceté, je concluerai provisoiremnt sur un message de Valentin, ou du moins de son inerprète : "L’origine du mal nous fournira la matière d’une autre étude. Veuille l’Eon qui accompagne chacun de nous nous éclairer, nous illuminer, nous purifier. Amen."
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A l'égard du principe de l'Autonomie de Conscience, on pourrait peut-être me dire que je suis anthroposophe sans le savoir. Mais pour mes analyses et tentatives de compréhension, je me place plutôt du point de vue, disons, de l'histoire des idées - en particulier quand je fais allusion ci-dessus au romantisme. On voit bien du reste dans les textes que tu cites qu'il y a une réfénce centrale à Goethe et à son Faust, qui marquent un tournant dans le passage des Lumières au Romantisme. Ceci dit, Steiner a pu être un précurseur dans plusieurs directions et, ne connaisssant pas son oeuvre, je ne peux guère en parler, sinon que les explicitations sur le sang et l'immunité peuvent, aussi, être lues rétrospectivement comme discours et théorisation à double tranchant (ne pas en dire ce qu'en dit l'orthodoxie du sida n'enlève rien au fait d'en avoir parlé, donc d'avoir ouvert une/plusieurs piste(s)). Mais c'est assez impressionnant de lire : "Il s'agit dans le phénomène du Sida non pas seulement d'une atteinte portée à la santé corporelle, mais d'un asservissement de l'âme et de l'esprit de l'être humain." Etant un peu plus freudien et philosophe, j'ajouterais qu'il s'agit aussi d'une phénoménale prise de contrôle de l'Eros... et de l'Agapé - mais au fond, par-delà le vocubulaire, cela revient un peu au même : plus qu'une fatalité, c'est la face cachée de la "Synthèse Moderne".
Voici pour mémoire ce qu'écrivait le philosophe des sciences Pierre Thuillier, auquel je faisais allusion plus haut :
"Résumons-nous : il y a à la base de « la science » toute une série de présupposés qui, le plus souvent, sont présentés comme des évidences ou des conventions neutres - mais qui, pratiquement, imposent ou favorisent des façons d’agir qui ne sont pas neutres du tout. Le professeur Hamburger nous dit : « nul ne peut prétendre tirer de la méthode scientifique ni morale ni politique ». Si on considère la science et la méthode scientifique de façon myope, sans dépasser le cas de la fonction glycogénique du foie, ce propos a peut-être une certaine vraisemblance.
"Mais, dès qu’on examine globalement le fonctionnement social de la science, l’étroitesse de ce purisme scientifique devient de plus en plus visible. « La science » ne se réduit pas à la recherche, à l’activité intellectuelle des « savants ». La science est une institution, une réalité sociale qui, effectivement ou potentiellement, est partout présente. Même les théories dites scientifiques mettent en œuvre des options d’ordre philosophique, c’est-à-dire non neutres. En ce sens, il y a déjà dans la science (avant toute « utilisation » précise) des sortes de normes morales et politiques, plus ou moins implicites, plus ou moins conscientes. Mieux encore, il suffit d’ouvrir les yeux sur ce qui se passe en fait pour constater que « la science » émet de la morale et de la politique. Concédons au professeur Hamburger que « la science » ne devrait pas se comporter ainsi. Mais qu’y puis-je si des scientifiques, forts de leurs connaissances, proclament expressément que la société doit leur obéir ! Tel est en effet le message diffusé par E.O. Wilson, promoteur éminent de la sociobiologie. D’après ce professeur de Harvard, qui ré-écrit à sa façon la théorie darwinienne, les êtres vivants (et les hommes en particulier) servent seulement à propager les gènes, c’est-à-dire les fragments d’A.D.N. qui sont les supports de l’hérédité. A partir de cette idée, il a élaboré une théorie qui prétend expliquer tous les phénomènes évolutifs : et, entre autres, tous les comportements sociaux des animaux (et donc des hommes). Fait remarquable, il affirme catégoriquement que les sociobiologistes doivent supplanter tous les autres « experts » (politiciens, sociologues, historiens, etc.) qui s’occupaient jusqu’ici des affaires sociales. Car les sociobiologistes sont les « nouveaux moralistes ». Eux seuls peuvent étudier sérieusement les diverses « trajectoires évolutives » de l’humanité ; eux seuls, donc, sont capables de prendre en main notre destin... (11)
"Impérialisme biocratique
"Dans la perspective indiquée par Feynman, cet impérialisme biocratique est d’interprétation facile. La vie est un aspect du fonctionnement des atomes. Donc ceux qui connaissent le fonctionnement des gènes (assemblages atomiques privilégiés) sont habilités à guider l’évolution socio-culturelle des hommes. C’est objectif, neutre ; et cela aboutit (encore un hasard) à la manipulation. Wilson, en effet, ne nous dissimule pas la vérité : pour résoudre divers problèmes sociaux, il faudra peut être recourir aux manipulations génétiques. Les biocrates, en tripatouillant scientifiquement nos gènes, vont nous conduire au bonheur.
"Tout ceci est explicitement dit par Wilson : je me permets d’y insister, car d’aucuns risqueraient de s’imaginer que je suis en pleine science-fiction. (Il se pourrait bien, d’ailleurs, que la science-fiction en sache plus long sur la science que nos idéologues patentés ; elle a bien vu que, au cœur même de l’activité scientifique, il y avait la passion du pouvoir). La morale de tout cela peut finalement s’énoncer sous une forme un peu brutale et provocante, mais pas tellement fausse : la science moderne, de par ses origines historiques et de par sa philosophie immanente, est fournisseuse de moyens de manipulation. En d’autres termes, tout nouveau domaine conquis par « la science » est un domaine ou, socialement, la manipulation devient possible. Or du possible au réel, il n’y a qu’un pas. Un pas que nos sociétés, affamées de puissance, de profit et de productivité, sont toujours prêtes à franchir.
"Hier, c’étaient les sciences physiques qui devenaient opératoires. Demain, la biologie sera elle aussi un puissant moyen d’action. Et de beaux jours nous attendent, peut-être, du côté de la neuropsychologie... Croire à la « science pure » comme si les « utilisations » lui étaient totalement étrangères, c’est pratiquer la pire des politiques : celle de l’autruche."
En faisant, ad hoc, de la linguistique non pas générative, mais transformationniste, on pourrait s'amuser à prendre cette phrase de Thuillier : "Les biocrates, en tripatouillant scientifiquement nos gènes, vont nous conduire au bonheur," et la réécrire ainsi : "Les biocrates, en tripatouillant scientifiquement nos virus, vont nous conduire au bonheur." C'est bien ce qu'ils essaient à toute force de (nous) faire, non ?
Merci à toi, Bamboo, pour la peine que tu te donnes de me répondre, et pour ton petit mot d'espoir à la fin de ton dernier message ci-dessus. Puisses-tu avoir raison, et puisse l'avenir - qui est notre affaire à tous - nous conduire du pire au meilleur, et non l'inverse. (Mais faut pas rêver... c'est vraiment pas gagné d'avance !)
Amitiés
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Merci Brume pour ce que tu dis de mes interventions.
A Bamboo, je dirai que mon acte manqué d'hier n'était pas qu'une mauvaise chose, car je m'y montrais très radical face à sa défense de l'anthroposophie de Steiner. Celle-ci a à voir, disons, avec de longues traditions : gnostiques, platonisme, néo-platonisme, monismes et dualismes variablement hérétiques et minoritaires, donc reposant sur des dichotomies ésotérisme/exotérisme, etc. Pour ma part, j'espère que tu ne m'en voudras pas, Bamboo, je situerais l'anthroposophie et la théosophie dans ce que je serais tenté d'appeler les queues de comète du romantisme, comme sans doute bien sûr "la critique du monde moderne" telle que, versant français, s'y est adonné un René Guénon. D'où parfois, entre autres, des liens réciproques d'attraction entre cette approche là et diverses variantes de l'écologisme, des plus intimistes aux plus médiatisées et institutionnelles, etc. Que l'on puisse plus ou moins trouver son salut, à titre individuel, dans un enseignement et une pratique "spiritualistes", c'est une autre question, qui est de l'ordre de la liberté de chacun et sur laquelle, au fond, je n'ai pas trop d'idées préconçues, à condition qu'on m'épargne, pour ce qui me concerne, divers effets abusifs sur ma personne d'attitudes sectaristes et prosélytes. Ce qui hélas, peut toucher ausssi par ricochet à la question du socio-politique, de la citoyenneté, etc. (Je vis dans une ville où la présence active de catholiques intégristes a donné lieu - avec au départ la complaisance sinon la complicité du maire et du préfet - à la constitution d'une école privée et d'un groupuscule professant de concert la référence au nazisme et à l'antisémitisme avec une rare violence, tant symbolique que psycho-sociale et même physique, et inutile de dire que là, toutes proportions gardées, je me sens un peu menacé.)
Ma critique à moi des problèmes anthropologiques et socio-culturels contemporains - en bon "post-marxiste" ? je ne sais pas, au fond - serait surtout qu'il ne sert peut-être pas à grand chose "politiquement" - ni même existentiellement - de dénoncer en bloc matérialisme, intellectualisme, mécanicisme à l'oeuvre dans les sciences, sans entrer dans des analyses contextuelles et de contenus épistémologiques - comme j'essaie très aléatoirement de le faire.
Momentanément, la ligne de réflexion sur laquelle je suis embarqué, serait la réflexion sur les rapports entre science et idéologie :
- La Science est en soi manipulatrice (comme le soutenait entre autres le philosophe Pierre Thuillier),
- Quand en plus une entreprise idéologique de replâtrage du bon vieux darwinisme social (Wilson), coïncidant avec la révolution "cognitiviste" dont Chomsky* a posé les bases via sa linguistique, offre à la science, à la biologie en particuler, une passerelle de rêve pour asseoir son Pouvoir - sa prééminence en sciences exactes et son rôle moteur en sciences sociales - tout en mettant le Pouvoir en question en étroite conformité avec tous les autres alibis idéologico-scientifiques de l'économie et des principes politiques du néo-libéralisme, eh bien, il me semble qu'on a un cadre historique assez objectif pour situer l'émmergence du sida dans les années 1980 à 2000-2010.
C'est dans ce cadre historique là, me semble-t-il, qu'on pourrait utilement chercher à comprendre les positions, les succés divers et les difficultés évidentes, qui caractérisent les Dissidents du sida. Dans ce cadre-là aussi, que leurs analyses en termes d'histoire de la recherche dans les disciplines concernées (recherche d'un virus du cancer dans les années 70, etc.) pourraient prendre tout leur sens, de même que les "résistances" des cibles de leurs critiques.
Pour élargir et en même temps préciser encore mon orientation de recherche, modestement et sans me référer à des travaux dissidents, mais en souscrivant à ma marotte des références livresque, je suggèrerais à tous ici d'ajouter à une éventuelle bibliographie critique cet essai de sémiologie du "marketing social" : Les discours sociaux contre le SIDA: rhétorique de la communication publique
Bien à vous tous
* Voir à ce sujet : Chomsky à Paris
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Désolé Bambbo, je viens d'esayer de te répondre longuement et philosophiquement, je te jure que c'est vrai. Mais suite à une faute manoeuvre alorsque je tentais l'ouverture simultanée de plusieurs pages internet, je viens de perdre tout le texte de la réponse que j'avais rédigée ici à ton attention particulière.
Donc, pour parer au plus pressé, pour l'instant, je ne ferai que rétablir un équilibre par rapport à mes précédentes références ci-dessus, en insérant un lien vers les pages en ligne de l'essai collectif Darwin après Darwin. Pour apprécier à leur juste mesure les enjeux du travail tout sauf innocent de l'idéologue E. O. Wilson, et ce en quoi il explique l'apparition du sida et l'impossibilité des dissidents, 25 ans après, à se faire enendre et comprendre - bref, une des grandes tragfédies politiques et humaines de notre temps - on pourra par exemple commencer en lisant, pages 150 et suivantes Le néo-darwinisme dans les sciences sociales, de Claude Saint-Denis et Philip Ehrensaft.
Bien à vous tous.
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Merci pour ta longue réponse. Où je veux en venir ? Je l'ai dit : situer la problématique du sida dans un contexte : historique, socio-politique, ainsi que celui des débats d'idées qui ont pu déterminer plus ou moins l'apparition du sida, et ceux que le sida a pu susciter ensuite. Puis tener de recenser ce qui dans l'actualité culturelle et politico-scientifique peut concerner de près ou de loin le sida :
- l'essai d'Atlan sur la fraude, à cet égard, me semble signaler quelque chose qui peut toucher au sida : science et "communication", etc.
- Edward Wilson est un idéologue américain dont les idées et le discret rayonnement qu'elles ont eu, dans les années 70, puis à l'époque de Ronald Reagan et par la suite, peuvent expliquer en partie l'engouement des élites et de la population pour le sida. Le problème est que, comme Michel Pécheux et Françoise Gadet l'avaient bien vu dès la fin des années 1970, l'idéologie promue par Wilson a ses racines dans le courant du darwinisme social et de l'eugénisme euro-américain (1850-1940, en gros). Quand j'écris "engouement" pour le sida, bien sûr, c'est une ironie et une critique cinglante de tout un système, parce que, avec le concept comportementaliste de "l'ingénierie sociale" fourni clés en main aux politiques, au travail social, aux professions de santé... aux communicateurs et à l'industrie pharmaceutique, c'est de facto un contrôle qui est imposé au nom de la biologie sur les droits de la personne, sa vie privée, sa sexualité, etc. Quand ensuite on apprend que les tests servent à des diagnostics dont les critères relèvent autant de la sociologie "comportementale" - les fameux "groupes à risque" - que de l'objectivité médico-scientifique... C'est non seulemnt un contrôle, mais bien pire, parce que des traitements anti-rétroviraux à vie, ou la mort infligée pratiquement en connaissance de cause au moyen des traitements, le moins qu'on puisse dire, c'est que ce sont des sanctions plus ou moins clandestines, bref des punitions, des pénalités. En tout cas c'est comme cela, aussi, qu'on peut voir les choses.
Ce qui nous vaut, par exemple, cette cohabitation entre orthodoxie et dissidence, sans que cela dérange et n'interpelle aucunement, la moindre politique de santé public .Là, je trouve que ces jours-ci tu tires un peu trop sur l'ambulance des dissidents. En effet, si tu ne lis pas les sites en anglais, tu ne peux peut-être pas mesurer certaines choses, mais tu sais bien quand même que si, cela dérange et interpelle.
De même, à mon avis, tu tires un peu sur l'ambulance quand tu dénonces, quasiment par réflexe de parole et de discours, l'intellectualisme. Certes, les intellectuels patentés sont capables de bien des lâchetés, mais de là à généraliser, à ne pas vouloir voir que l'esprit critique, pour faire vite, est notre bien commun et que des atteintes graves sont portées à la liberté de chacun chaque fois que l'eprit critique et son expression sont étouffés, il y a un pas qu'à mon avis on ne peut franchir sans se trahir soi-même.
Je ne sais pas quel contenu tu sous-entends ou mets en fait dans ton "spiritualisme". Mais je pense qu'il ne faut pas tout confondre : il y a un équilibre à trouver entre introspection et effort de compréhension de ce qui nous entoure et nous construit - ou tend à nous détruire -, entre véhémence, pertinence, et démission de la pensée, etc.
Je ne sais que te dire de plus pour l'instant.
Si, peut-être : pour la critique de la dimension mécaniste de la biologie, les bouquins de Jean-Claude Beaune contiennent peut-être une base très solide pour une rebellion bien nécessaire et une réppropriation démocratique, si l'on veut, des questions d'éthique. Même si, bien sûr, une réflexion de cette sorte sur les liens entre la technique et la mort dans la Modernité et la "post-modernité"européennes peut, elle aussi, constituer plus ou moins provisoirement un enfermement.
Le tout, pour moi, n'est pas d'être ou matérialiste ou spiritualiste, etc, mais de ne pas s'enfermer, de préserver sa dynamique propre.
J'espère ne pas t'avoir répondu trop à côté.
Amitiés.
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D'autant plus intéressant que la problématique des mitochondries est située dans un contexte général de critique épistémologique, cette communication : The Beauty and Power of Mitochondria
Extrait :
Note: We asked Petros for a brief bio. He replied:
I grew up in a city that was pulsating with life. People would walk along the shore, laugh, sing, flirt. Yep, it was one of the cities that never slept. But one day she did. And when she did, she never woke up, a Snow White-like coma without the dream of a prince.
And all of us, the small restless molecules that comprised this city’s big soul, were trapped, our dreams prohibited because they would disturb the coma. Doctor's orders, you know: Don’t dream, don’t laugh, don’t love, don’t sing, you'll disturb the comatose. And we were wondering, really really wondering, wondering really really hard: Since when do the dead and the comatose have more rights than the living? I mean, we were supposedly living in a democracy, all men (let’s not forget also women, gays and hermaphrodites) equal. Why were the dead ones, the zombies and the comatose more equal than the rest of us?
Dommage pour les non anglicistes - mais peut-êre une trado viendra-t-elle un de ces jours ?
Je me permets aussi de signaler que j'ai ajouté ces jours-ci deux nouvelles entrées pleines de références bibliographiques très importantes dans mon fil Si le bien, c'est le "bios"
Amitiés à tous
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Par inadvertance, j'ai omis ci-dessus de préciser que je m'adressais à Bamboo et à tous.
Le Quote que j'ai inséré vient de cette page, et je l'entendais en réponse aux interventions de Bamboo.
Sur le même sujet, je voudrais signaler l'existence d'un livre, Darwin après Darwin, de Joseph Josy Lévy et Henri Cohen, Université du Québec (accessible sur Google Livres) et en citer un extrait :
"La recherche sociobiologique débouche [donc] sur une pratique sociale (incluant le "social engineering") qui pourrait transformer radicalement tout comportement humain (Wilson et Lumsden, 1983, p. 183), ainsi que sur une réflexion philosophique :
[ma traduction de la citation de Lévy et Cohen] "Un des résultats d'une science humaine puissante peut être la création d'une forme sophistiquée d'ingénierie sociale, telle qu'elle touche les niveaux les plus profonds de la motivation humaine et du raisonnment moral (Wilson et Lumsden, 1983, p. 182).
"Tous les domaines de la vie humaine, incluant l'éthique, ont une base physique dans le cerveau et font partie de la biologie humaine (Wilson et Lumsden, 1983, p. 181).
"... la philosophie éthique ne devrait plus opérer en dehors des frontières de la science (Wilson et Lumsden, 1983, p. 175)."
[suite extrait Darwin après Darwin] En 1978, Wilson avait déjà amorcé une réflexion éthique, qu'il qualifiait pudiquement de "spéculation", dans On Human Nature ; depuis, il a continué, et est en voie de réaliser le projet qu'il annonçait en 1975 : "cannibaliser" (c'est sa propre expression) les sciences sociales et les "humanities", qui sont : "les dernirès branches de la biologie attendant d'être incluses dans la Synthèse Moderne" (Wilson, 1975, p. 4). La pratique sociale, quant à elle, se cristallisera, selon l'espoir de Wilson, dans l'élaboration et l'évaluation des politiques des gouvernments et d'autres grandes organisations [...]"
Dois-je préciser que le jour où je suis tombé là-dessus, cela m'a irrésitiblement fait penser à l'appartion du sida et à son installation dans le paysage au cours des 2-3 dernières décennies ?
Sur google livres, on trouvera une bibliographie assez complète de W. O. Wilson et de ses criques. Notamment, on peut accéder à de larges extraits du livre On Human Nature. Pour qui sait lire, a suffisamment d'esprit critique et n'a pas trop les yeux de Chimène pour certains courants de pensée avec lesquels jung et le jungisme entretiennent des affinités incestueuses, c'est extrêmement éloquent et édifiant - je veux dire, tout simplement éclairant jusqu'au vertige.
En revanche sur la critique de la dimension mécaniste de la mèdecine à l'ère actuelle de la biologie et des technosciences, il semble que Bamboo et moi-même soyons beaucoup moins en désaccord.
Ceux que la question intéresse pourront sans doute approfondir cette thématique utilement en se référant à un autre auteur, Jean-Claude Beaune, qui a publié Essai sur les relations entre la mort et les techniques : le troisième monde. On peut aussi trouver la biblio complète de J. C. Beaune chez son éditeur.
Bien à vous tous
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La part humaine n'est toujours pas considérée, la « science de l'humain » n'est pas à l'ordre du jour du ministère de la santé
"Depuis quelques annés, la polémique poitico-scientifique entre les behaviouristes et les humanistes semble s'apaiser aux USA au fur et à mesure que la position empiriste radicale s'avère intenable et que le rationalisme se naturalise par le biais des universaux biologiques [note 116]. La biologisation de la politique et le chemin libéral vers le "moindre Etat" apparaissent de plus en plus comme deux dispositifs stratégiques alternatifs et complémentaires : les règles de la Vie intériorisent les injonctions du Droit.
" L'interpellation idéologique de type WASP implique que le sujet libre prenne une part active à son propre assujettissement comme les clients d'Henri Ford quand il leur annonçait : "Nous livrons la voiture dans la couleur choisie par le client, à la seule condition qu'il la désire noire." Ce joke normalisant est dans la veine de l'humour sérieux de Swift et des plaisanteries involontaires du libéralisme quand il atteint ses limites macabres. C'est très exactement de l'humour juif à l'envers, retourné en instrument de domination."
[Note 116 :] "Les thèmes de la sociobiologie (cette "nouvelle science" qui milite activement contre l'égalitarisme démocratique) consitituent un indice de cette convergence : Edward Osborne Wilson, le sociobiologiste à qui, en 1978 aux USA, fut décerné par le Comité international contre le racisme le titre de "Savant fasciste et raciste de l'année", n'hésite pas à reprendre à son compte la thèse de Chomsky concernant les déterminations innées des capacités humaines. Et le fait de faire ainsi appel aux opinions d'un homme de gauche célèbre constitue, aux yeux de Wilson, une irréfutable preuve de sa bonne foi scientifique. Resterait à savoir quelles réflexions un tel épisode a pu inspirer à Chomsky."
Extrait de La Langue introuvable, de Françoise Gadet et Michel Pêcheux, Editions Maspéro, Paris,1981.
De même que la langue, pour des raisons entre autres psychanalytiques, et sûrement pas jungiennes, le matérialisme est par définition "introuvable". C'est pour cela que quant à moi, je suis et resterai matérialiste... et humaniste.
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Brume, comme souvent, tu te montres plus sage et sensible que moi - je veux dire moins brève et catégorique, plus proche de tes interlocuteurs.
Chloé, ce que j'en disais pour Maître Jacques Vitenberg (et non Vitemberg en fait), c'était surtout dans l'optique de prendre conseil auprès d'un spécialiste de droit et de médecine tel que lui, qui au moins n'aurait guère de préventions contre ton point de vue. Ne serait-ce que pour voir ce qu'il t'en dit.
Prévoir a priori d'engager une procédure, comme Bamboo semblerait tenté de te le conseiller, où ce serait dissidents contre orthodoxie, pot de fonte contre pot de fer, et toi et ton bébé au beau milieu, c'est une autre affaire, qui peut s'avérer très complexe et délicate, sinon éprouvante, pour des résultats assez imprévisibles.
Pour les assistantes sociales des centres médico-sociaux, je ne sais pas si elles sont toutes préparées à des cas aussi particuliers, et elles travaillent je crois, pour la plupart, en relation avec la DASS, donc risquent d'être... formatées. J'aurais pensé plutôt à une asso de conseil juridique, ou médico-juridique, qui ne soit pas tenue de rendre des comptes à des autorités de tutelle commanditant des enquêtes sociales. Voire aussi éventuellement (l'un n'empêche pas l'autre), à un bon psychothérapeute indépendant - qui soit tenu au secret médical -, pour t'aider à y voir clair, à démêler tes appréhensions.
A mon tour en tout cas, ce par quoi j'aurais dû commencer : Même si c'est difficile pour toi en ce moment, toutes mes félicitations !
Bien affectueusement
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Il ya un avocat parisien parmi les dissidents, Jacques Vitemberg. On trouve facilement son adresse et son tél. par une recherche avec google (2ème entrée de la liste de résultats).
De toute façon, à mon avis, consulter un avocat, ou au moins une bonne permanence d'aide juridique, serait nécessaire avant tout.
Amitiés à tous
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ARABS est un peu érroné, pardon, je voulais dire ARAS (Alberta's Reappraising Aids Society)
Bien à vous tous
Bonjour à tous
dans Présentations, témoignages et questions des nouveaux venus
Posté(e)
En effet, en termes de constat, difficile de faire un meilleur résumé. Sauf que, dans le long terme, c'est quelque chose de plus diffus et complexe que la panique qui s'est installé : entre autres sans doute un renforcement du couple et de la famille "nucléaire" avec 1 à 3 enfants comme structure de base de la société - modèle ne pouvant tolérer que difficilement l'homosexualité d'une part, et d'autre part modèle plus difficile à promouvoir dans les pays du tiers-monde, Chine exceptée, que dans les pays développés... Comme par ailleurs la surpopulation et le contrôle de la population ont été (et restent sans doute) une préocccupation majeure de la politique étrangère US, c'est un grand nombre de facteurs, parfois contradictoires pour le fond, parfois seulement en apparence, qui ont interféré et interférent pour l'émergence d'un monde avec le sida à long terme. A partir de là, beaucoup de thèses dites conspirationnistes peuvent se référer à des éléments d'information aussi valides que peu connus du grand public, et sont susceptibles de contenir une part appréciable de vérité... comme d'accentuer les effets "labyrinthe" ou "puzzle à trous" auxquels peuvent se trouver confrontées les tentatives d'interprétation et d'élucidation des "réactions en chaîne", de ce qui est "moral" et de ce qui ne l'est pas, de ce qui est "délibéré" et de ce qui ne l'est pas, de la part de responsabilité de tels ou tels groupes d'acteurs, des motivations et buts des uns et des autres ici et là à tel moment ou à tel autre, etc.
Bref, l'interprétation pose des problèmes de méthodologie historique redoublés du fait qu'il s'agit d'une histoire encore en train de se faire requérant des réponses au jour le jour. A mon avis, parallèlement aux faits que mettent en lumière les Dissidents médico-scientifiques et en relation avec eux, c'est donc peut-être notamment aux confins de plusieurs disciplines, méthodes et options de lecture critique faisant appel à la philosophie du langage et à la philosophie politique - voire à une sémiologie de la philosophie politique balisée par une critique de la raison symbolique -, qu'on peut articuler les données et analyses qui ont besoin de l'être pour y voir plus clair et produire quelque chose de libérateur.