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Jardinier

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Tout ce qui a été posté par Jardinier

  1. De rien... On trouve une belle brochette d'économistes, avec pour chacun l'énumération de leurs "affidavits" académiques et autres ici. (lien fourni sur cette page) Quant à la version des choses de Lomborg lui-même, on peut s'en faire une idée un peu plus précise ici.
  2. Econoclaste, Merci pour ces liens, intéressants à plus d'un titre. Ils donnent une idée beaucoup plus précise de ce que tu entends par construction sociale. J'ai archivé le document Loriol et le lirai attentivement. Par rapport au livre de Latour et Woolgar, en m'en tenant au titre et aux données de Wikipédia, et sans en tirer de conclusions pour l'instant, je me rends compte qu'à travers ma démarche je tendrais à me placer dans une perspective inverse : celle de la construction "scientifique" de faits sociaux... Mais les 2 approches doivent pouvoir, sinon se compléter, du moins s'affiner mutuellement. Pour l'Afrique, le document de l'APAD apporte en effet une mise en perspective et des enseignements importants. Il me fait penser à deux choses : - D'une part, une interview fournit des informations très précises sur les débuts des investigations américaines en Afrique : tout commence au Zaïre. Le passage concerné de l'interview en question débute en bas de cette page (réplique de Hannaway) et se poursuit sur la page suivante. L'intégralité de l'entretien est du reste très riche à tous égards en enseignements et pistes de recherche historique. - D'autre part, un document militant a été publié récemment sur une site africain, qui prône une approche modérément dissidente de la politique du sida en Afrique, en se référant à Root-Bernstein, un dissident lui aussi très modéré qui ne nie pas l'existence du vih. Je ne sais pas les répercussions que pourraient avoir un tel article, qui se réfère à une initiative et une approche danoises. Comme tu le verras, la conclusion est quand même vraiment très politique, car elle remet explicitement en cause "la médicalisation du sous-développement" (dont témoigne à sa façon ton document de l'APAD) : HIV/AIDS flourishes as a result of social problems rooted deeply in global economic structures Encore merci, à bientôt... (Je ne sais si tu as vu mon autre post d'aujourd'hui dans le fil "les gays et le sida" : je résume à trop gros traits sur la question des théories de l'information comme modèle en biologie, il faudra que j'affine mon histoire de métaphore filée. Mais j'ai déjà expliqué qu'avec la transcriptase inverse on a glissé des concepts de codage ou de cryptage propres aux notions d'ADN et de chromosome vers un concept fatalement encore plus métaphorique de système d'écriture ramené à sa fonction "communicationnelle", ce en quoi on est perdant sur tous les tableaux en termes d'inconvénients du réductionnisme : réduction de l'approche scientifique à une démarche analogique qui va biaiser toute la validité épistémologique de la stratégie comme la déontologie des protocoles d'expérimentation et, en feedback, réduction du sémiotique et du champ symbolique au modèle de logique binaire de l'intelligence artificielle sous couvert de (re)naturalisation neurobiologisante de l'aptitude au langage - bref, c'est le problème du paralogisme cognitiviste...)
  3. Le supposé "échange d'informations" entre glandes endocrines et autres complexes cellulaires où de même les cellules "communiquent entre elles", voire même "se parlent" dans des variantes encore plus dithyrambiques dont ne se privent pas les grands prêtres du sida lors de certaines de leur grandes messes d'autopromotion et de vulgarisation du dogme, tout cela renvoie au même problème. En fait, il semblerait bien qu'on puisse plutôt envisager des processus de circulation et de régulation de flux énergétiques via des substances biotiques en interaction aux niveaux protéiniques, infra et surpra cellulaires, etc... Ce sans nul doute en relation avec des facteurs environnementaux fondamentaux comme les propriétés de l'air, de l'eau, de la lumière et des matières nutritives... ce dont certaines doctrines de médecine traditionnelle comme celle des corps éthériques ont pu avoir des intuitions assez justes à partir de présupposés plus ou moins spiritualisants. En tout cas, il est indéniable que la projection dans les sciences de la nature de modèles issus des théories de l'information (si intimidants à notre époque du fait du rayonnement d'institutions comme le MIT de Boston, par exemple) consiste en fait en une simple commodité conceptuelle conforme aux canons de la philosophie analytique d'outre-atlantique, mais en fait reposant essentiellement sur une naïve transposition du bon vieux procédé réthorique de la métaphore filée. Le contexte étant ce qu'il est, la biologie moléculaire dispose d'une latitude rien moins que discrétionnaire pour user et abuser d'un tel procédé dans lequel elle s'est toute entière engouffrée via l'influence de la génétique, quitte à induire de véritables fixations dans l'esprit et le raisonnement des chercheurs et à se priver ainsi, et nous avec, d'un grand nombre de possibilités d'hypothèses descriptives et explicatives beaucoup plus réalistes et fécondes qu'elle laisse de côté au profit par exemple de la notion hyper-fétichisée de sida. Or, il s'agit de fixations quasiment en termes de psychopathologie, de pathologie du langage et d'induction subséquente de pathologies sociales, et bien entendu renforcées par les contraintes techno-économiques de l'industrie pharmaceutique, qui on peut le comprendre aura toujours tendance, quitte à prendre indûment le risque d'induire sa part de pseudo-éthique dans le champs du socio-politique, à freiner des 4 fers face à d'éventuelles remises en cause des moyens, objets et buts de ses méthodes de production tant qu'elles permettront d'engranger suffisamment de bénéfices et équilibres financiers en l'état. Que le cortisol ne puisse à lui seul expliquer l'immuno-déficience, sans doute. Ou du moins, il faudrait évaluer méthodiquement quel rôle il joue à différentes étapes et par le biais de quels relais en termes de processus pouvant aboutir ou non à divers effets et diverses conséquences, dont ce qu'on appelle l'immuno-déficience. Mais de toute façon, l'immunité ayant étant élevée au rang de paradigme par une discipline qui s'intitule l'immunologie, le concept d'immuno-déficience découle de celui de système immunitaire relié à une conception générale de la biologie moléculaire dépendant en priorité d'un modèle issu des théories de l'information, le tout dans le cadre d'un dispositif théorique/paradigmatique indissociable d'une discipline instituée, et qui aura donc tendance à écarter pour des raisons de pragmatique instutionnelle tout ce qui en termes de stratégie scientifique serait plus susceptible de l'affaiblir que de la conforter en tant que telle sur les bases sur lesquelles elle a l'habitude de "fonctionner". On peut voir dans le Traité de Nutrition de Noël Cano et alii que j'avais présenté il y a quelques mois qu'une des premières conséquences de la dénutrition comme cause de "l'immuno-déficience", ce peut être à l'évidence l'atrophie du thymus. Certains chapitres du même traité tendent à relier ce problème à des questions d'équilibre énergétique régulé par le cortisol, où de plus des phénomènes biochimiques de l'ordre de l'oxydation et de l'oxydo-réduction joueraient assez certainement un rôle connexe... Pour ce qui est de l'évolution des activités de Luc Montagnier, il est intéressant de voir que celui-ci s'oriente vers un secteur de la biophysique qui a peu donné de perspectives jusqu'à présent en termes médico-scientifiques. Mais il y a quand même fort à parier à mon avis que ces travaux de recherche sur les champs électromagnétiques en soient encore à un stade très spéculatif, et qu'il soit en réalité bien trop tôt pour envisager sérieusement des applications sur un objet aussi étroitement délimité que les maladies dites "dégénératives" sans retomber dans une démarche à la limite du charlatanisme en adéquation avec certains précédents dans la carrière du chercheur en question, plus qu'avec les qualités et les garanties d'un authentique style épistémologique.
  4. Je suis en train de lire actuellement un essai d'un chercheur de l'Université de Limoges qui, même si un peu ardu, pourrait stimuler utilement notre réflexion critique sur la philosophie des sciences : Les sciences naturelles sont-elles culturelles ? Une lecture sémiotique de l’idéologie dans les discours scientifiques Pour vous engager à y jeter un coup d'oeil attentif, voici le sommaire (je surligne les titres de chapitres et paragraphes qui indiquent un rapport le plus direct avec la question de la science, mais bien sûr le tout est à lire intégralement en suivant toute la chronologie, du moins pour une première lecture) :
  5. Oui et non. C'est un peu l'impression que je commence à avoir, et je tomberais même dans la loghorée en ce moment, mais oui plus pour "je crains que...", que pour "tu overshoot". La biologie et les sciences de la nature ne sont pas du tout mon terrain de spécialité, ça me demande un gros effort de m'y intéresser, surtout du point de vue médico-scientifique et des problèmes du sida (ou si-dada). Alors, comme les sciences humaines sont ma canne blanche dans cette exploration, il y a des moments comme ces dernières semaines où j'ai besoin de faire comprendre de quel point de vue réel je suis obligé de partir pour comprendre un peu certaines choses. Et aussi, j'ai l'impression que le terrain dont je pars, lettres-langues-sciences-humaines, apporterait un point de vue qui manque peut-être à certains, et j'ai envie de leur faire sentir un peu ce que ça pourrait leur apporter si ils s'aventuraient à faire un cheminement tel que le mien en sens inverse. Ensuite, mon idée de faire des lectures croisées des textes dans une perspective d'analyse historiographique... ça, j'y crois, parce que je l'ai expérimenté. Je comprends que ça fasse peur, parce qu'en réalité, si tant est que je sois un bon cobaye de la chose, ça peut être très perturbant sinon déstabilisant existentiellement. Et pourtant, il suffit de lire les bons documents d'archive en termes d'histoire de l'orthodoxie du sida par elle-même. Les 3/4 du temps, c'est renversant en soi, et encore plus quand on fait des recoupements dans les 2 sens avec les récits et interprétations dissidents, y compris bien sûr avec un zeste d'immersion dans les études et publications scientifiques (à condition d'avoir DES ANTIDOTES). Mais parole ! Se frotter à l'épistémologie critique et à la philosophie des sciences, ça aussi ça peut vraiment faire tilt et du bien par où ça passe, quelquefois !.. Et puis pardon de peut-être te heurter un peu, Brume, mais, extrait de mes antidotes ci-dessus : "La résorption des sciences sociales dans les sciences de la nature semble un tardif avatar, en un récit épistémologique de naturalisation, du retour à la Nature que prêchaient les moralistes antiques et les philosophes des Lumières." Et là, pour faire une petite gambade du côté d'une sorte d'anthropologie historique (ach, encore l'Histoire ! - ben non, pas l'Histoire, mais plutôt la Geschichte, en l'occurrence), le problème en ces temps que nous vivons, ce pourrait être le risque de l'enfermement dans une sorte de Classicisme cyclique (pour nous Occidentaux, un éternel retour fantasmatique et plein de pathos de la séquence qui va de la Renaissance à la fin du Romantisme, avec parmi d'autres symptômes le technobiologisme comme vecteur redoutable de pseudo-éthique).
  6. Je te comprends un peu Brume. Tu vas nous manquer, mais... j'aurais bien envie moi aussi de tirer ma révérence à ce forum pour quelques temps, ou du moins d'espacer considérablement ma participation aux discussions. J'admets que tu défendes Jibrail. Il n'est pas toujours entièrement à côté des problèmes bien loin de là, mais... Je ne vais pas lui faire un procès de sorcière, mais par exemple il ne propose rien de réalisable concrètement quand il parle des expérimentations scientifiques poussées qu'il faudrait faire, etc. Ou alors il pense que tout le ban et l'arrière ban de la recherche nous lit et qu'il peut lui faire des appels du pied ? Je crois qu'il a tendance, comme Cheminot et d'autres dont un peu moi parfois, à confondre le virtuel et le potentiel. Et il a aussi tendance de plus en plus à soutenir que pour lui c'est ou le Peth Group ou rien et à nier l'évidence que les gens du Perth Group reconnaissent que quelque part ils se sont plantés, ce qui est une chose, et qu'en plus ils semblent dire que maintenant ils vont être bien gentils avec l'orthodoxie du sida même si le vih n'existe pas, ce qui est une autre chose. Et même que Jibrail part derechef en guerre contre Duesberg et les Américains qui à ses yeux ne valent pas tripette, et ainsi de suite. Je ne comprends pas que tu ne comprennes pas tout ça, ce que a ce de consternant, et que toi, Jibrail, Cheminot, puissent autant perdre peu à peu tout sens de la réalité et des enjeux. A moins qu'au contraire tu ne comprennes que trop bien ? Quant à moi, je ne serais d'après toi qu'un dangereux partisan du tout socio-historique. Non, vraiment, je ne comprends plus trop comment tu vois les choses. Ou alors si, peut-être, mais... Comme je ne suis pas non plus dans des certitudes... terminé pour ce soir.
  7. Ce n'est pas en cela que ta théorie serait hors du "politiquement corect". Tu renverses le sens de la critique qu'on peut en faire pour laisser au second plan le fait que tu as as tendance à souscrire aux présupposés et au bien fondé d'une pseudo-éthique d'obédience notamment comportementaliste... et normative sur des bases très lourdement hypothéquées par le comportementalisme, entre autres choses. Le problème est entre autres que les mots ont un sens et peuvent propager du sens... ou du non sens. Quand on parle de "changer les comportements", même si ensuite il peut y avoir des nuances notables de contenu, on se range sous la bannière d'une doctrine dont les élaborations et applications relèvent de la psychologie, des sciences sociales, de certains sous-bassements philosophiques, et d'une certaine philosophie politique, qui toutes sont fédérées à des degrés divers et de manières diverses par une alliance de fait du behaviourisme et de divers avatars du darwinisme social, laquelle alliance peut très bien comme on l'a vu avec l'histoire du sida sur le versant français, converger pour le pire avec des points de doctrine émanant d'un courant hygiéniste. Ce pour ne rien dire ici de l'immense gâchis africain dont il reste plus que jamais à parler de tout façon. J'y insiste encore une fois, il y a d'une part le problème qu'en se cantonnant à l'intérieur des problèmes médico-scientifiques tels que posés au départ par l'orthodoxie, et en se contentant d'incursions impressionnistes au coup par coup du côté de la critique épistémologique, on ne peut que passer très souvent à côté des vrais problèmes, de la bonne façon de poser les questions, et partant des bonnes réponses possibles. De plus, l'histoire du sida et de la dissidence est une illustration assez parfaite de ce en quoi, en faisant l'économie d'une critique radicale de ce qui constitue le socle des sciences sociales anglo-saxonnes, fût-on dissident, on ne peut déboucher malgré de bonnes intuitions et intentions que sur une pseudo éthique, sur le plan médical, sur celui des pratiques des sciences sociales, et en termes d'éthique de manière tout à fait générale. C'est pourquoi à tout prendre je trouve beaucoup plus fertile le radicalisme d'Aixur, même si il n'est pas entièrement en mesure de préciser en termes de causalités fines abordées dans une visée d'exhaustivitivité tous les points de validité et donc toutes les conséquences à tirer de sa théorie du cortisol. On voit bien cependant que ses prémisses théoriques ont au moins l'avantage de laisser le débat ouvert, non seulement sur la réalité médico-scientifique du sida du point de vue étiologique, nosologique, clinique, etc., mais aussi sur les nombreux points qui restent à élucider dans l'histoire du sida et de la dissidence, et que moi je propose d'aborder par une méthodologie historiographique à la rigueur et à l'efficience de laquelle la radicalité du parti pris d'Aixur peut apporter des impulsions et partant une contribution tout sauf négligeable. La manière dont tu défends ta théorie explicative alternative, Cheminot, semble tendre fortement à vouloir clore le débat sur le sida en offrant unnouveau compromis acceptable par tous. Or, ce n'est ni possible ni souhaitable en l'état - du point de vue éthique en particulier, mais pas seulemnt de ce point de vue là bien sûr - de croire et vouloir faire croire qu'on peut clore définitivement le débat à plus ou moins brève échéance à moins de vouloir trahir et enterrer l'oeuvre d'autant plus capitale que difficile des dissidents. Et les trahir eux, ce serait trahir des malades, présents et à venir, en ne leur laissant en somme pas d'autre choix qu'une orthodoxie oxydative.
  8. Nota Bene : As-tu vérifié par des expérimentations qu'un tel cas de figure est possible ? Ce n'est qu'une hypothèse à démontrer éventuellement, semble-t-il. Dans ces conditions, pourquoi terroriser des séropositifs par cet argument hypothétique de cas de force majeure nécessitant de (continuer à) prendre des ARV, alors que de toute façon ils ont déjà bien d'autres raisons d'y regarder à 2 fois avant de cesser d'en prendre ? En plus, pour contrebalancer le poids de ton argumentation ou pour je ne sais quelles autres (non-) raisons, tu ne trouves rien de mieux que d'insinuer par une formulation de facto à double sens que les trithérapies seraient en fait des soins palliatifs alors que pourtant tu plaides plutôt pour une hypothèse inverse. N'est-ce pas quelque peu maladroit, sinon malhonnête, de donner l'impression comme tu le fais que tu lèves à moitié un pan d'on ne sait quel voile dissimulant des vérités qui ne seraient partagées que par le saint du saint des initiés d'une certaine mouvance médico-scientifique auprès de laquelle tu aurais peut-être, ou pourrais avoir suite à tes brillantes théories, un certain entregeant ? Ou alors, en gros, ce que tu voudrais dire, ce serait que l'orthodoxie aurait trouvé grâce à certains composants des trithérapies un principe actif médicamenteux apportant un certain bénéfice aux patients, mais tout à fait involontairement et par hasard ? Ou quoi encore ? Du reste, en bon français, on pallie quelque chose, et non à quelque chose. De toute façon, je laisse tomber le camp du stress oxydatif et toute la dynamique infuse qu'elle implique et/ou avalise, ou encore renforce, de coercitions systématiquement imposées à des catégories de population qui n'en peuvent mais - et qui n'en peuvent plus de devoir faire les frais de la connerie criminelle ambiante. Parce qu'on a beau retourner dans tous les sens la question des tenants et aboutissants d'une telle théorie explicative, une truie n'y retrouverait pas ses petits.
  9. Oui, il fait très fort, d'autant plus que sémantiquement son emploi du verbe "pallier" est érroné du fait d'un déplacement de sens, ou de l'introduction subreptice d'un sens connotatif, si on veut (et là je m'exprime de façon délibérément redondante pour mieux me faire comprendre). Même si on peut discuter des problèmes liés aux trithérapies, en théorie au moins elles consistent à recourir à un principe actif médicamenteux en vue de prolonger un état de relative bonne santé et la vie. Les soins palliatifs, c'est tout autre chose.
  10. Post-scriptum : pour ce que ce dernier échange en date et l'article que je cite ont à voir, assez indiretement certes, avec le thème ce topic, à savoir les gay et le sida, il y a une chose dans l'ouvrage de Tort que mon article ne précisait pas : En fait, cette tératologie et ce qu'elle avait contribué à élaborer reposait essentiellement sur l'observation de cas anatomiques d'hermaphrodisme, soit de sujets dotés à la naissance d'un double appareil génital comprenant des organes féminins et masculins. Dans son ouvrage, Patrick Tort suggère qu'il était discutable de fonder ainsi la théorie dite des "arrêts de développement". Il voit en outre dans l'importance rétrospective de ces études de cas pour les avancées de l'anthropologie et de la biologie ("la théorie de l’unité de plan de composition − qui, avec Fritz Muller et Ernst Häckel, débouchera sur l’idée de l’ontogenèse comme récapitulation de la phylogenèse, puis sur la loi biogénétique fondamentale" ), l'aboutissement d'une tradition culturelle, aux nombreux effets discrets (au sens mathématique, métaphoriquement) et contrastés, remontant au mythe de l'androgyne et de la séparation en entités féminine et macsculine chez Platon.
  11. Bonsoir Econoclaste, Comme tu peux t'en douter je me réjouis de ton arrivée parmi les intervenants sur ce forum. Je vais avoir à te répondre longuement suite à tout ce que tu nous dis. D'ores et déjà, je note que tu introduis la nosologie, ce qui me semble important. Cela me renvoie à un travail qui avait été fait par un groupe Art et Science bordelais à l'initiative de la fac des sciences, sur la thématique "penser-classer". J'y avais participé en rendant compte dans une revue créée par ce groupe d'un ouvrage important de Patrick Tort, La Raison classificatoire. J'avais rencontré Tort à cette occasion, plus tard il est venu à Bordeaux pour participer à une rencontre dans le cadre de notre association, où il nous a mis au courant de ses travaux sur Darwin et le darwinisme. Plus peut-être que son entreprise de réhabilitation de Darwin via entre autres une critique de tout le courant du darwinisme social, critique qui pour moi reste à faire sur les bases posées par La Raison classificatoire, c'était les prémisses saussuriennes de la Théorie des Complexes discursifs, beaucoup plus et mieux qu'esquissée par la Raison classificatoire, qui avait trouvé mon adhésion et a exercé sur moi une influence très durable sur le plan intellectuel. On pourra y revenir. Pour que tout soit clair, je vais mettre une copie de mon article ci-dessus. Parmi tes propositions et points de vue, il faudra qu'on revienne aussi sur la question de la prévalence en épidémiologie et dans le domaine du sida en particulier. Je voudrais quand même dire, déjà, que ma position à ce sujet, sur le caractère scandaleusement circulaire des statistiques et de l'usage qui en est fait, est proche de celle de Cheminot et de ce qu'il a mis en lumière sur les conséquences concrètes de l'établissement des "groupes à risques" en relation avec la réalité des tests de dépistage. Il me semble que cela relève clairemnt d'autre chose que de simples croyances et d'une tendance de ma part à souscrire aveuglément à des thèses "complotistes". Du reste, nous avons débattu ici récemment de la "conspiration" et du conspirationnisme dans la mouvance des critiques radicales du sida, surtout aux USA. Je pense avoir montré diverses choses intéressantes en proposant l'analyse d'un document en lequel, à titre méthodologique, je vois un récit, lequel a la singularité de croiser les thèses des dissidents scientifiques avec des principes d'interprétation très intentionnalistes, plutôt que conspirationnistes, que dans l'ensemble les dissidents scientifiques rejettent par principe. Voilà, merci de ta venue ici ! A bientôt. ______________________________ Cahiers Art & Science n° 4, Editions Confluences - Université des Sciences Bordeaux 1, 1997. Patrick Tort La raison classificatoire, Paris, Aubier / Résonnances, 1989, 572 pages Surtout connu du grand public pour le Dictionnaire du darwinisme et de l’évolution, publié sous sa direction en 1996 et, peut-être, pour Misère de Ia sociobiologie, publié sous sa direction en 1985, Patrick Tort est l’auteur de nombreux ouvrages dont le dénominateur commun s’est fait jour peu à peu : qu’il s’intéresse à I’évolutionnisme en particulier, à l’histoire des sciences en général, à l’histoire de l’écriture, à Ia linguistique, les thématiques de ses articles et de ses Iivres se recoupent, se font écho et se précisent les unes les autres depuis une vingtaine d’années. Au fil d’un parcours non linéaire, mais qui confirme à chaque nouvelle étape Ia logique rigoureuse de sa pensée, Patrick Tort a ébauché ainsi une méthodologie dont La raison classificatoire témoigne avec une acuité toute particulière, puisque cet ouvrage tente explicitement de poser des bases pour I’étude de ce que I’auteur nomme les complexes discursifs. Déjà en vue dans un ouvrage précédent paru en 1983, La pensée hiérarchique et l’évolution, Ie projet de Patrick Tort consiste en fait à établir les fondements théoriques qui faisaient défaut à L’archéologie du savoir de Michel Foucault. A cette fin, Ia méthodologie que déploie La raison classificatoire prend pour point de départ Ia mise en relation d’une analyse du Traité des Tropes de Du Marsais, qui en 1730 refonde Ia rhétorique, avec les travaux de Roman Jakobson sur l’aphasie et sur les notions de métaphore et de métonymie. Ce sont en effet ces deux notions, envisagées sous l’aspect de schèmes classificatoires, et Ie constat de leur opérationnalité simultanée, qui permettent à Patrick Tort de construire une grille de lecture du savoir occidental, ou en tout cas d’en proposer une historiographie susceptible de mettre en lumière l’interférence constante entre, d’une part les confrontations et évitements idéologiques qui dans l’aire concernée infléchissent Ia connaissance en devenir et, d’autre part, Ia constitution et les « avancées » de Ia pratique scientifique à proprement parler. Dans Ie Traité des Tropes et dans les écrits de Jakobson, Ia métaphore a pour principe directeur I’analogie, c’est-à-dire en fin de compte un travail synchronique de Ia ressemblance et de Ia différence tendant à produire arbitrairement, à travers une quête systématique de Ia similarité, des classes et des systèmes typologiques. A l’inverse, Ie principe de Ia métonymie et de sa variante plus clairement inclusive la synecdoque, en tant que procédés discursifs figurant − ou désignant − un élément par Ie nom d’un autre appartenant au même ensemble, se situe plutôt quant à lui du côté de Ia généalogie et des liens diachroniques. Transposant au domaine de Ia zoologie cette matrice dualiste qui oppose l’être et Ie devenir, Kant a noté que « Ia division scholastique se fait par classes, elIe répartit les animaux selon des ressemblances ; celle de Ia nature se fait par souches, elle les répartit seIon les liens de parenté, du point de vue de Ia génération. La première fournit une systématisation scholastique à l’usage de Ia mémoire ; Ia seconde une systématisation naturelle a l’usage de I’entendement ; Ia première n’a d’autre dessein que de ranger les créatures sous des rubriques, Ia seconde vise à les ranger sous des lois. » Cependant, en exposant les prémices des quinze études qu’iI a regroupées dans La raison classificatoire, Patrick Tort montre avec beaucoup de précision qu’en réalité, Ie schéma métonymique est présent dans Ie fonctionnement analogique de Ia métaphore et que, réciproquement, celle-ci joue un rôle d’opérateur logique non négligeable dans Ie repérage et Ia régulation de Ia filiation qu’effectue le dispositif métonymique. C’est ce dont témoigne à I’analyse le fait que, dans son geste de refondation d’un corpus de techniques discursives à des fins théologico-littéraires et esthétiques − celles de Ia Contre-réforme sur le plan politico-idéologique − Du Marsais non seulement entérine Ia thèse d’un retard des usages métaphoriques sur l’évolution de Ia langue, mais fournit Ia preuve que les propriétés d’opacité du Iangage métaphorique voilent − et signalent − avant tout ses composantes métonymiques, tandis que la transparence plus ou moins mythique du processus métonymique repose en fait sur un recours constant au concept de similarité et aux figures de l’analogie. Ainsi, peut-on distinguer clairement les méthodes et motivations à partir desquelles vont s’ébranler mutuellement, à travers l’activité et Ie débat scientifiques, les présupposés créationnistes − d’obédience chrétienne − et transformistes − c’est-à-dire plus rationalistes − qui sous-tendent l’ensemble du champ épistémologique concerné. Du XVIIème au XIXème siècle, les travaux les plus symptomatiques dans les domaines de I’histoire de l’écriture et de Ia typologie linguistique sont respectivement ceux de Kircher et de Warburton d’une part, et ceux de Schlegel, Hovelacque et Schleicher d’autre part. Dans Ie cas des origines et de I’histoire de I’écriture, avec notamment les recherches concernant Ie pictogramme et les hiéroglyphes égyptiens, recherches que Patrick Tort avait déjà abordées dans un autre ouvrage, La constellation de Thot, les historiens chrétiens font appel aux schèmes bipolaires de Ia métonymie et de Ia métaphore afin d’étudier Ia naissance de I’idolâtrie, qui coïnciderait avec une perte de transparence et une métaphorisation croissante des symbolismes primitifs dans Ia représentation graphique. Cependant, en tentant d’expliquer, en 1738, le passage de Ia transparence à I’énigme parallèlement à une évolution naturelle de la graphie par abréviation et simplification, Warburton introduit dans son champ d’étude l’évolutionnisme culturel. Paradoxalement, celui-ci était requis par Ia nécessité de réfuter efficacement les thèses de Kircher qui, au siècle précédent, en prenant parti pour une métaphoricité et un hermétisme premiers des hiéroglyphes, suggérait l’existence d’une pratique délibérément ésotérique à des fins de monopole du savoir et du pouvoir politique. Or, ce choix initial d’un code métaphorique pouvait être lu comme commun au paganisme et au système discursif de Ia parabole évangélique, en conséquence de quoi il importait au plus haut point de rétablir, en se référant au mythe de Ia Chute et à celui de Babel, Ia thèse d’une transparence originaire de l’Écriture, basée sur Ie code métonymique, afin de mettre Ie christianisme à l’abri de Ia critique philosophique. Incidemment, un tel débat permet de comprendre de manière assez précise ce que peut être un complexe discursif, car il ouvrait Ia voie non seulement à une démarche historienne et comparative, mais à l’évolutionnisme linguistique et anthropologique du XIXème siècle. Dans Ie cas de Ia typologie linguistique, c’est notamment un européocentrisme qui se manifeste et se consolide, puisque Ia plupart des classifications repèrent trois catégories d’idiomes quaIitativement inégales : celle des langues monosyllabiques ou isolantes, telles Ie chinois, celle des langues agglutinantes ou agglomérantes, qui combinent des radicaux et des affixes, telles les langues d’Afrique méridionale, Ie japonais, Ie maléopolynésien, etc., et celle des langues flexionnelles, essentiellement chamito-sémitiques et indo-européennes, qui cumulent les caractéristiques des deux classes précédentes et sont perçues comme plus « fertiles » − le mot est de Friedrich von Schlegel − et d’une efficience culturelle supérieure. Cependant, le plus notable ici est d’une part le rôle de l’opposition entre monogénisme et polygénisme − origine unique du peuplement de Ia terre ou création séparée des espèces − et d’autre part une référence de plus en plus appuyée aux sciences de Ia nature et à un modèle biologique − Auguste Comte, par exemple, s’inspirait beaucoup du sensualisme condillacien, qui débouche sur Ia constitution de critères et de discriminants calqués sur l’étude des structures organiques et, au terme d’une systématisation de type analogique, sur une hiérarchisation organiciste qui devient d’abord, en symétrie avec les bouleversements de Ia botanique et de Ia zoologie, l’outil d’un évolutionnisme linguistique, puis, à partir de Saussure, ouvre le champ de Ia linguistique synchronique. Car d'un côté, en prenant acte de façon radicale − jusqu’à renoncer à Ia linguistique historique − du rejet de Ia philologie et de l’étymologie qui caractérise au XIXème siècle le comparatisme et I’évolutionnisme linguistique, Saussure met en lumière les concepts clés de syntagme et de paradigme, contribuant ainsi de manière décisive à une autonomisation des disciplines scientifiques et conférant par ricochet une nouvelle légitimité au divorce rétrospectivement nécessaire de la biologie et de Ia sociologie. Mais d’un autre côté, Spencer fait œuvre de psychologue et de sociologue bio-organiciste : bien que pour Darwin Ie développement sélectionné des instincts sociaux implique Ia sauvegarde et Ia réhabilitation des plus faibles, Ie Système synthétique de philosophie dont Spencer est l’auteur occulte Ia notion d’effet réversible de l’évolution ; il met Ia logique du darwinisme au service des aspirations et croyances politico-économiques dominantes de son temps, en refondant « en nature » l’utilitarisme inhérent à Ia doctrine libérale et à I’expansionnisme européen ou, autrement dit, en prônant Ia nécessité d’une intervention politique et culturelle afin de favoriser l’élimination des plus faibles à I’intérieur de Ia société humaine. Ce sont donc les soubassements et les paradoxes constitutifs d’une science oscillant entre raisonnement analogique et généalogique que Patrick Tort analyse, avec une rigueur et une prudence méthodologique rares, dans ces quinze études portant sur les aspects révélateurs et les étapes décisives du processus classificatoire tel qu’il s’est élaboré et complexifié depuis le début de Ia Modernité, sinon depuis Ia Grèce antique. Parmi les grandes pierres de touche de cette analyse, le constat que Ia théorie des arrêts de développement des naturalistes et tératologues Etienne et Isidore Geoffroy Saint-Hilaire a grandement contribué à renforcer une idéologie inégalitaire plus que latente au XVIIIème siècle − à travers par exemple l’ethnocentrisme d’un ensemble de disciplines qui ne s’appelait pas encore l’anthropologie et dont Ie plus souvent les acteurs faisaient preuve dune attitude que Patrick Tort résume en avançant Ia notion d’indifférence éthique. L’étude des monstres constitue du reste un important fil conducteur de cette genèse des sciences naturelles et anthropologiques, puisque l’on en retrouve bien plus que des traces dans Ia polémique qui opposa a Ia fin du XIXème siècle les criminologues italiens, avec pour chef de file Lombroso, et les français, représentés en l’occurrence par Tarde et Lacassagne. Ces derniers jettent les bases d’une sociologie autonome, affranchie des déterminismes biologisants et s’inspirant, dans son interprétation du positivisme et du darwinisme, des intuitions les moins erronées d’Auguste Comte. A l’inverse, Lombroso et son école fournissaient une illustration et une préfiguration particulièrement impressionnante de l’ensemble des alibis non marxistes à Ia réactivation de l’enfermement de l’autre en tant que pratique sociopolitique et à la négation radicale − et rigoureusement totalitaire − du Droit de Ia personne. Autre pierre d’achoppement, le rôle que tient dans l’émergence du transformisme et du darwinisme Ia découverte par les botanistes et les zoologistes d’un environnement naturel géographiquement inconnu. Pour Michel Adanson tout d’abord, qui au XVIIlème siècle a posé les bases de Ia méthode naturelle et de sa visée d’exhaustivité à l’occasion d’une étude classificatoire de Ia flore du Sénégal. Pour Etienne Geoffroy Saint-Hilaire ensuite, dont Ia théorie de l’unité de plan de composition − qui, avec Fritz Muller et Ernst Häckel, débouchera sur l’idée de l’ontogenèse comme récapitulation de Ia phylogenèse, puis sur Ia loi biogénétique fondamentale − doit beaucoup à Ia présence de Geoffroy dans Ia Campagne d’Égypte, qui lui permet l’étude des différentes variétés de caïmans du Haut Nil et sera à I’origine de sa polémique avec Cuvier, fameuse sous le nom de « querelle des analogues » et constituant une étape importante dans l’ébranlement de Ia taxinomie stabiliste. Même constante enfin avec Charles Darwin, qui met en place Ia théorie de I’évolution des espèces à partir de son étude de Ia faune des îles Beagles et des Galapagos. II n’est bien entendu pas certain, ni peut-être souhaitable, qu’une reprise en compte du geste fondateur de Michel Adanson à Ia lumière du darwinisme puisse donner lieu à l’élaboration d’un paradigme infaillible − si l’on peut dire − pour les sciences humaines de demain. Cependant, une des grandes caractéristiques de I’ouvrage de Patrick Tort − et c’est sans doute une de ses innombrables qualités − réside dans sa remarquable lisibilité et dans le fait que sa résumabilité est quasi inversement proportionnelle à celle-ci. En effet, l’acuité des analyses, l’érudition, Ia profusion et Ia pertinence des propositions de recherche dont il déploie Ia possibilité à partir du concept générique de complexe discursif, rendent Ia lecture de ce livre indispensable pour quiconque entend pallier quelque peu les approximations de tous ordres et les distorsions de l’intercompréhension dont souffre si cruellement Ia société de notre temps.
  12. Aixur L'ensemble, et le chapitre sur les trithérapies, est assez nuancé et ne se prive pas de donner à entendre qu'ils ne savent pas tout, qu'ils ne maîtrisent pas tout... Ils réitèrent même ce qui nous avait beaucoup surpris dans la première version, à propos des ARV : "(a) We have not studied the scientific literature." Quand même ! Bien curieux mélange d'humilité et d'arrogance, non ? Toujours sur l'utilité des ARV, d'abord ils se retranchent entièrement derrière Jean Umber pour le versant anti-oxydant : "For example, if the French scientist Jean Umber is correct, protease inhibitors are reducing agents and thus may act as anti-oxidants." Ensuite, ils pointent plus longuement d'autres supposées vertus des inhibiteurs de transcriptase et de protéase, sans qu'on puisse vraiment décider si, pour les inhibiteurs de protéase au moins, ils considèrent ou non leurs effets bénéfiques comme des résultats de leurs propriétés anti-oxydantes : "There is also evidence that both reverse transcriptase inhibitors and protease inhibitors have multiple pharmacological actions including “Apoptosis Enhancers, Antibacterials, Antifungals, Antimalarials, AntiSARS and Anti-Influenza Agents” and “antitumor”." Enfin, déjà qu'on ne peut pas exclure que le tout soit un assez terrifiant feu d'artifice, leur conclusion me laisse plus perplexe que toi sur cette idée que le stress oxydatif resterait central sans ambiguité, de manière sous-jaçante, dans le sens ultime de leur communiqué. Parce qu'ils écrivent : "Any scientist who understands the cellular oxidation theory of AIDS will have no trouble designing experiments to prove our theory wrong. Montagnier seems to understand because he has long been an apologist for our theory, at least in Africa." Je suis peut-être un peu fatigué, là, mais que veut dire au juste la phrase que je souligne en gras ? En traduisant sans subtilité ni bestialité, il me semble que ça peut donner quelque chose comme : "Tout scientifique qui comprend la théorie de l'oxydation cellulaire (comme cause) du sida n'aura pas de mal à concevoir les expérimentations nécessaires pour prouver que notre théorie est fausse." Suit l'allusion à Montagnier qui pour le moins, sauf peut-être à y lire une ironie suprêmement assassinne, n'apporte rien à la transparence de l'ensemble, du moins dans la logique de lecture sur laquelle nous avions souvent été induits à nous appuyer... par les clowneries de haute volée des membres du Perth Group et les pitreries peut-être moins délibérées de leurs épigones. Alors, aveu d'échec cuisant sur toute la ligne ? ou autre chose ? Et alors, quoi ? Quels vilains tours pourraient-ils avoir encore dans leurs calebasses ? Bref, à mon avis, les Perth Group Scientists, c'est un peu comme les éléphants : ça trompe énormément ! Codicile : "The expertise required to perform such experiments falls well within the abilities of the HIV experts with access to a reasonably sized laboratory." Cornegidouille et tristesses d'Olympio ! Si ça ne s'appelle pas du grand art de ridiculiser tout son monde de façon à ce qu'il ne puisse vraiment plus jamais s'en remettre...
  13. Pour valider ton argumentation, Aixur, il faudrait voir si on a utilisé la machine à compter les CD4 avant Gottlieb en 80, si oui qui et à partir de quand, dans quels contextes et quelles conditions, et si en l'état de la recherche avant l'introduction de cette nouvelle technologie, on disposait déjà d'indices et d'éléments, ainsi que d'orientations de la recherche dans tel ou tel secteur, permettant de s'intéresser au stress oxydatif, quel qu'en soit le nom ad hoc, et de le corréler à des questions d'immunologie. C'est peut-être improbable, et même dans l'affirmative, le focus sur le sida a pu faire passer aux oubliettes des pistes dont l'exploration n'avait été qu'ébauchée précédemment... ou faire renommer les choses significatives et les tirer vers de tout autres orientations de recherche d'autant plus facilemnt qu'elles n'étaient connues que dans des secteurs restreints de la communauté scientifique et qu'on n'y attachait pas la moindre importance à des niveaux plus larges. De toute façon, dans cette nouvelle mouture du PG, le stress oxydatif est nettement relégué au second plan. Toujours au sujet du Perth Group, suite à ce que j'ai essayé d'extrapoler plus haut à propos de leur stratégie scientifique et de leur style, épistémologique et de communication, j'en viens à penser qu'ils pourraient bien être, tout autant que d'assez piètres apprenti-diplomates (en apparence en tout cas), de grands humoristes un tantinet vipérins dans la plus pure tradition logico-subversive britannique, et donc qu'il faille savoir les lire et les interpréter en tant que tels. Ce qui ne veut pas dire, surtout dans un contexte aussi épineux et truffé de chausse-trappes cruelles que le théâtre d'ombres baroques et mortifères du sida et de sa dissidence, qu'ils ne peuvent pas se rendre victimes, et nous avec eux, de certaines graves faiblesses inhérentes et proportionnelles, structurellement si on veut, aux points forts de leur travail et de leurs thèses... et antithèses. En tout cas, dans leur première mouture, ils faisaient vraiment très fort dans le joke et l'absurdisme à relents de fables de Lewis Caroll, quand ils avaient le culot d'affirmer tranquillement, par un magistral raccourci syllogistique, que le sida n'était en aucun cas une construction politique... et que "construction politique" ne pouvait en aucun cas avoir un autre sens que celui de "conspiration" ! C'est tout le problème quand on aime trop faire des sourires de chat sans chat : on en perd toute son épaisseur "charnelle", et on en arrive à ne plus pouvoir montrer au commun des mortels que l'envers de ce que pourrait délivrer une force de conviction non soumise à des contraintes excessives... C'est un peu la même chose qu'avec le fameux motif dans le tapis de Henry James : le vrai truc tout bête, c'est qu'en réalité il faut aller voir ce qui s'est tramé et comment... à l'envers du tapis.
  14. Nota bene : D'une part ils ont été et sont beaucoup plus testés que le reste de la population : les efforts d'incitation au dépistage ont porté prioritairement sur eux le plus souvent, les militants de l'asso Aides par exemple ont été majoritairement recrutés dans leurs rangs je crois bien, au début du moins. D'autre part, le "counselling" et le principe d'interprétation des tests en fonction de l'appartenance ou non aux groupes à risque renforce les chances que pour eux les tests soient positifs... et que n'importe quelle affection ou pathologie dont ils peuvent être atteints soit abusivement assimilée au "sida", avec en plus le risque de confusion (non moins "abusive") entre certains effets secondaires des ARV et des pathologies ayant d'autres causes relevant du "sida" ou non.
  15. Ils essayent de s'expliquer en se plaçant à la fois dans une position défensive de manière générale, et dans une position offensive simultanément à l'égard de RA et de l'orthodoxie. Le résultat est qu'ils sont effectivement légèrement confus et tiennent des propos très à la limite d'être contradictoires. Sur la question de la réceptivité du sperme au niveau anal, ils persistent et signent de manière tonitruante, certainement par orgueil, et surtout par imposssibilité logique de revenir en arrière vu la place cardinale qu'ils ont imprudemment accordée à cet élément d'argumentation... en ajoutant toutefois un bémol du même genre que celui d'Umber/Cheminot : "However, analysis of the data also shows that (a) the risk factor for the acquisition of a positive antibody test and AIDS in both men and women is passive anal intercourse; (b) it is not the act per se (sexual orientation) but the very high frequency of this practice, especially when associated with gastrointestinal trauma and drug use, that underlies this risk. (Nitrites, cocaine, heroin)." Ils se réfugient comme toujours derrière l'argument massue de l'analyse des données fournies par les études cliniques, puis ils croient utile de compléter en précisant que ce n'est pas l'acte en soi, donc pas l'orientation sexuelle, mais la très haute fréquence de ces pratiques qui est en cause. Ce qui affaiblit encore plus leur mise au point, parce que là on est vraiment dans le plus grossier et oiseux des sophismes. A un autre niveau de sens et d'objectivité relative (dans l'implicite) : en gros tant que la sodomie resterait quelque chose d'ultra minoritaire, confidentiel et élitiste, tout irait bien, mais ça se gâterait arithmétiquement quand ça deviendrait une pratique plus largement et assidûment répandue, en raison subsidiairement de risques de transmission de maladies vénériennes pour Cheminot, en raison de traumas gastro-intestinaux et de l'usage de drogue pour le PG. A noter, du reste, qu'en l'occurrence les propriétés oxydantes du sperme sont désormais passées sous silence... En 2 mots, en me basant pour mon analyse sur les souvenirs qui me restent de mes lectures de l'ouvrage de Roland Barthes, L'Obvie et l'Obtus (qui en termes de linguistique énonciative porte sur la question de l'implicite et de l'explicite), voilà l'impression que me fait l'ensemble de cette communication "Expanded" : On sent qu'ils ne veulent aborder qu'implicitement la dimension arbitraire, idéologique et de construction socio-politique du sida. En conséquence de quoi ils essaient de "jouer fin" en restant pour le dénoté sur le strict terrain des données médico-scientifiques avérées. Mais comme malgré tout ce qui se pense bien s'énonce clairement, et que certaines choses vont plus de soi en les disant qu'en ne les disant pas, leur recours très particulier à une énonciation élliptique et le choix de communication qui en résulte - thématique, forme, style * - brouillent le sens de leur message et tendent à affaiblir leur propos, voire donc l'ensemble de leur démarche. Si bien qu'ils apparaissent au moins un peu, sinon beaucoup perdants sur tous les tableaux, et qu'ils se confortent stoïquement dans une position et une image de perdants (du moins sur le plan de la signification exotérique... le reste demeurant de l'ordre du pari). * De manière générale, leur style, en particulier leurs options en termes de rapport implicite/explicite, a quelque chose de génialement pointu dans son principe. Mais la rançon pour eux et pour leurs lecteurs en est que leur discours véhicule conjointement un sens ésotérique (celui qui est le plus hautement critique) et un sens exotérique, qui prend le risque de se rapprocher de celui des productions discursives les plus orthodoxes et consensuelles. A ce jeu millimétré du différentiel de sens et de la lisibilité délibérément limitée de leur message, le risque pour eux était/est qu'insensiblement ils se laissent imprégner de plus en plus par les traits distinctifs inhérents à la logique adverse et lui fassent de plus en plus de concessions, au plus grand détriment de la nature et du bien fondé de leur intention critique (ceci n'excluant pas qu'ils puissent induire, disons, quelques "retours de bâtons" susceptibles de leur bénéficier à terme).
  16. Heu... Bamboo, tant qu'à faire, j'aurais préféré que tu écrives : LES MISES EN LUMIERE DE JARDINIER SUR LES MANIPULATIONS LINGUISTIQUES... parce que ce que tu as écrit, ça revient à dire que je ne serais qu'un vil manipulateur, et que mes interlocuteurs sur ce forum se seraient livrés à une oeuvre de salubrité publique consistant à faire tomber mon masque et à montrer au grand jour quel tortueux sagouin et quel dangereux Raspoutine ne reculant aucun opportunisme je serais en réalité. Je t'accorde le bénéfice du doute, au vu du contexte, sur ce que tu as vraiment voulu dire, mais... La prochaine fois, c'est la fessée déculotté devant tout le monde ! Ton développement sur l'embrouille de la charge virale indétectable n'est pas de trop. Mais on peut, et on doit, aussi, dire les choses autrement : Les communicants chargés de l'incitation au dépistage dans le cadre de l'application du plan Bachelot en font largement usage sur différents supports dans une optique de "communication ciblée". Par exemple, c'est quelque chose qu'on trouve beaucoup dans les news letters du Planning familial... dont les responsables prennent le soin de flatter autant que possible la vindicte à fondements sexistes et la propension aux fantasmagories les plus donquichottesques, haineuses et revanchardes, des organisations féministes et de leurs possibles stratégies sectaristes, lesquelles, de même que les fonctionnaires du Planning, peuvent utiliser à l'occasion l'alibi bien pratique d'une réthorique entretenant l'illusion d'une union sacrée entre lesdites féministes en croisade contre la barbarie de l'Ordre patriarcal, et les pauvres chers gays et lesbiennes, en particulier ceux et celles souffrant de l'intolérance et des brutales atteintes aux droits humains dont sont enclines à les gratifier certaines sociétés, souvent africaines, qu'elles soient cautionnées dans leur goût de la persécution des "déviants" par des préceptes religieux chrétiens ou musulmans... Bref, les nouvelles consignes édictées par les lobbies du sida lors de la conférence de Rome aidant, outre les drogués intra-veineux et autres, les femmes sont nommément une cible de choix de l'incitation au dépistage, ainsi que les foetus qu'elles sont susceptibles de porter et les nouveaux-nés qu'elles mettent au monde. Et pour faire passer la pilule - l'autre pilule, en clair les ARV - et décrocher le consentement, obscurci bien plus qu'éclairé, au sacro-saint dépistage, les communicants patentés, de même qu'à l'intention des gays, des dangereux Etrangers et autres appartenants aux groupes à risque en raison de leur évidente virulence de principe, ne se privent bien sûr pas de faire miroiter la promesse, ô combien séduisante faute de mieux, de la charge virale indétectable. Avec à l'horizon, la promesse de la mise au point de l'autre pilule miracle, qui résoudra, en pré et post exposition aux horribles dangers de l'acte sexuel, tous les problèmes de réticence à l'expansion infinie du dispositif du sida et de la prévention universelle du droit à disposer librement de son corps sexué et des aptitudes à la comprenette qui vont avec. Ce qui nous emmène à la perspective hypothètique d'ARV ou autres tricks de facture biochimique qui feraient redevenir séronégatif. A titre d'horizon d'attente au moins, elle peut être intéressante pour les visées et manoeuvres prosélytes de l'orthodoxie. Ensuite, pour l'industrie pharmaceutique, pourquoi pas ?.. Dans la mesure où et à condition (qu')elle puisse provoquer un réel engouement pour le dépistage et ses conséquences très au-delà des groupes à risque, ce sera pain béni ! Du reste, on pourra jouer sur les délais : combien de temps faudra-t-il pour séronégativer ? 6 mois, 5 ans ? 10 ans, 15 ans ? De toute façon, si tout le monde sait qu'il est peut-être séropositif, mais que les chercheurs du sida, ces braves gens, ont mis au point un procédé biochimique permettant de faire redevenir séronégatif tout un chacun à plus ou moins brève échéance, l'industrie en question à de très beaux jours devant elle - et avec elle, le "counselling" et, partant, toute l'exploitation politico-administrative des questionnaires serrés de police des moeurs qui, plus que jamais, s'avèreront un outil de première importance et efficience en vue de mesures relevant, disons, de "l'ingénierie sociale"... Bref, du point de vue des Maîtres du monde, le meilleur des 21 ème siècles sera biotechnologiste et orwélllien ou ne sera pas.
  17. Jerman, tous, On n'en est pas encore là, mais on est en bonne voie, puisque les ARV permettent déjà d'obtenir une charge virale indétectable !!!
  18. Bon, je vais arrêter de batifoler, parce que ce que j'ai dit à certains moments sur les sciences humaines, la linguistique et l'approche sémiologique des problèmes, les questions d'épistémologie critique, etc., en ce moment ça m'a conduit à délirer un peu beaucoup. Quand Bamboo évoque les problèmes de la religion de la raison ou ceux de la neurobiologie, je suis bien sûr d'accord avec lui, mais d'un point de vue philosophique assez différent : à mon sens la transcendance provient de l'immanence, et non l'inverse. Pour le reste, j'ai tenté de m'expliquer en pointant le paralogisme cognitiviste et la montée du cognitivisme comme contexte de l'ère du sida. Il faudra que je revienne sur cette nébuleuse de disciplines des sciences humaines qui me guident dans mon cheminement de pensée, avec les concepts et outils critiques qui en relèvent, mais si possible de manière moins pédante, plus accessible, plus en acte peut-être, et surtout porteuse de quelque chose de plus concret du point de vue de la dissidence du sida. Faute de relever tout ce je souhaiterais dans le débat des deux-trois derniers jours, je ferai juste un ou deux commentaires sur ce qu'a écrit Aixur : Taux de cortisol bas ou pas, le problème est bien de toute façon que la sidologie a construit son assise sur le fait que la tuberculose, la pneumonie, le sarcome de Kaposi pulmonaire ou la toxoplasmose, sont quand même encore aujourd'hui des maladies lourdes et difficiles à soigner, sinon pour certaines d'entre elles très très difficiles, d'autant que même si c'est rarissime, il semble - ou en tout cas il semblait jusqu'à il y a peu - qu'elles puissent parfois survenir simultanément et interagir. Du reste, en Afrique, les problèmes sont encore autres et bien plus aigus du fait des conditions de vie, du manque d'infrastructures et de moyens sanitaires, et aussi des errements plus ou moins impardonnables des intervenants au nom de la lutte contre le sida. On sait bien avec quelles tricheries, quelles zones d'ombre et quels trompe-l'oeil médico-scientifiques la théorie du sida s'est mise en place, et à quelles dérives iatrogéniques inadmissibles ça a pu donner lieu, pour ne rien dire des méfaits politico-sociaux d'une épidémiologie aussi délirante que tentaculaire. Mais les tenants de la théorie orthodoxe ont toujours beau jeu de dire qu'ils peuvent retarder sinon éviter la survenue des maladies graves en question. Pour que les séropositifs puissent aller plus loin dans la déconstruction des traitements ARV et du contrôle des taux de CD 4 et de la charge virale, il faudrait au moins qu'ils soient largement soutenus dans ce sens par l'orthodoxie, ou du moins par des médecins avisés et très au fait des problèmes, prioritairement peut-être pour les stratégies d'interruption de traitements, progressives, temporaires, à plus long terme, etc. Et cela ne se fera pas tant que personne n'aura apporté d'arguments suffisants pour que des expérimentations déontologiquement bien balisées, sans préjugés ni a priori négatifs, soient tentées dans ce sens à une échelle la plus large possible. Quant au Perth Group, même s'il a critiqué en son temps la toxicité de certains ARV, sa théorie du stress oxydatif n'exclue-t-elle pas désormais sa coopération éventuelle à une action et une véritable campagne des dissidents en vue de l'interruption au moins expérimentale des traitements ? Néanmoins, je peux me tromper mais je pense que hors PG, beaucoup de dissidents, parmi les plus qualifiés et les plus éminents, seraient prêts à parier que de telles expérimentations porteraient beaucoup plus de fruits et déboucheraient sur beaucoup plus de succés que l'orthodoxie ne veut bien l'envisager. Mais hélas, a priori l'orthodoxie quant à elle ne fonctionne guère dans l'esprit du pari, fût-il épistémologique. Donc, que reste-t-il à faire pour les dissidents, sinon structurer et optimiser leur travail en vue de tout remettre systématiquement en question, sur tous les plans et à tous les niveaux, et peut-être d'abord par un travail de réflexion de fond sur ses moyens éventuels de mieux se faire entendre et comprendre ? Sur ce plan, je l'ai déjà un peu dit à 2 ou 3 reprises, sans trouver beaucoup d'échos, il y a des problèmes de barrières des langues, de traductions et d'éditions en traduction à faire, bref de coopérations qui ne se font pas entre le monde anglophone et des pays où lon parle d'autres langues... et où de plus on a des réalités et des héritages culturels différents... Il y a aussi la question de ce qu'on peut faire d'internet et du comment en sortir par le haut de temps en temps... Et puis il y a un problème d'organisation du travail, qui peut prendre beaucoup de temps, trop de temps pour ne s'effectuer que dans le cadre du bénévolat... et qui en plus, même si n'importe qui peut apporter une contribution non négligeable, requérait aussi, idéalement, la coopération de gens spécialisés et qualifiés, bref diplômés d'université et cultivés (de façon à ce qu'il y ait la meilleure intercompréhension entre gens venant des sciences exactes et de la médecine, et ceux venant des sciences humaines). Pour revenir à d'éventuels projets d'expérimentations de l'arrêt des traitements, ou à la possibilité d'autres projets alternatifs, il faudrait aussi tenir compte de la psychologie des séropositifs, dont certains sembleraient apparemment plus intéressés par le fait de redevenir séronégatifs que par la perspective d'être libérés des traitements et contrôles bio-médicaux à vie. Et là, en m'adressant plus particulièrement à Cheminot, je dirais qu'il ne faut surtout pas faire preuve de démagogie à l'égard de séroposititifs se trouvant dans un tel état d'esprit, ni à l'égard des autres d'ailleurs, que ce soit dans l'optique de faire la promesse et la promotion de soins basés sur la théorie du stress oxydatif ou dans quelque autre perspective que ce soit. Et les arguments d'Aixur à propos des risques de récupération par l'orthodoxie sous la bannière du sida oxydatif me semblent hélas grandement fondés, lucides et raisonnables. A supposer que la thèse du stress oxydatif puisse s'avérer un jour valide et soit la clé du problème, l'idéal sinon le minimum impérativemnt nécessaire serait que ses architectes et concepteurs ne négocient rien et ne cèdent rien à la mouvance officielle du sida avant d'avoir pu aboutir seuls, de leur côté et sans le concours d'institutions liées à des intérêts adverses, à des résultats suffisamment probants et éclatants pour provoquer la chute immédiate et sans reste de l'orthodoxie, appareils épidémiologique et communicationnel compris. Condition, me semble-t-il, bien difficile à remplir. A Aixur encore : ton analyse du changement de contexte en termes de contrôle social dans les années 80 me semble bien intéressante, ainsi que ton argumentation sur le côté artificiel et troublant du commentaire entièrement consensuel des journalistes et des médias, sur laquelle je te rejoins tout à fait. Au début, ça ne se voyait pas trop, mais à partir des années 88-90, c'était de plus en plus étrange en y réfléchissant qu'aucune critique radicale ne puisse atteindre l'opinion publique, et que seuls des messages d'accréditation soient autorisés et aussi largement diffusés. Il y avait peut-être une légère exception dans les articles de la correspondante du Monde à Genève à l'époque de la démission de Jonathan Man, elle laissait filtrer quelques doutes entre les lignes ici et là - mais hélas elle n'allait pas plus loin. Voilà ! Amitiés à tous et à bientôt...
  19. Aixur, tous : Pas certain que le topic ait dérivé tant que ça, du moins en un sens dommageable à la qualité du débat. Comme tu l'analyses, la "dérive" a au moins fait émerger des questions et points de vue sur 3 points thématiques en relation avec le sujet prédéfini. D'ailleurs, tu choisis bien tes mots et sais nuancer ton propos à bon escient : à preuve ton introduction de l'adverbe "fortement", qui dans le contexte comme ailleurs peut produire un sens d'appréciation plutôt positive (de la manière dont le débat a évolué en l'occurrence). Juste un petit correctif sur le premier des 3 thèmes que tu énonces : il me semble que dans l'optique de tous les participants au débat, même si Cheminot et Jibrail ont pris des options très particulières là-dessus, le thème que tu délimites relève d'un questionnement plus général et ouvert sur ce qui peut entrainer la séropositivité et le sida... Voire sur ce qu'est le sida, et sur la validité de la notion de sida et du sous-paradigme qu'elle a constitué au sein de la théorie vih-sida, de celle du stress oxidatif, et de leurs variantes et "hybridations" - à ce sujet, la relecture de la prise position de Montagnier dans HON à laquelle nous invite le message de GluButz tombe vraiment pile au moment M ! On ne peut pas dire en tout cas, au vu des faits que nous avons abordés (ce que le Perth Group et Cheminot ont élaboré là-dessus), que le focus et la controverse sur la sodomie réceptive et la supposée nocivité du sperme ne s'inscrivent pas dans la thématique générique "Les gays et le sida"... Ensuite, veuillez bien accepter de lire avec l'indulgence qu'il faudra cette grinçante parabole qu'humblement j'ose soumettre à votre docte attention : Je brandissais récemment une sombre histoire de "retour du refoulé". Or, pour préciser, on subodorera que dans l'ensemble du cas qui nous occuppe, le refoulé qui aurait pu faire résurgence, ce pourrait être tout simplement pour ainsi dire l'axiome hautement frustre et même "primitif" (en passant sur les détails) qui, compte tenu de son niveau trivial de généralité, ne pouvait historiquement qu'avoir innervé considérablement bien des gamberges diverses et variées quant aux destinées de l'espèce humaine, à savoir : "Quand le sperme ne sert pas à faire des bébés, c'est Mal ! Et tous les autres usages dans lesquels le sperme peut être impliqué à l'exception peut-être, et encore, de la fabrication de bébés in vitro, ou bien au moyen d'autres technologies brevetées, avec ou sans mères porteuses clonées chez Aldous Huxley & Co et tutto quanti, c'est très très Mal !!!" Mais, ô fatale infortune, Freud et son affreux avatar Wilhelm Reich, ces maudits sorciers - judaïsants, en plus ! - et ces misérables hérétiques, avaient largement montré encore qu'un peu par la bande - honte à eux ! que l'on gaze sans délai tous les fils et filles de leur race ! -, que finalement ce n'était pas très malin de raisonner comme ça et d'associer étroitement "ça" (et la merde, donc !) à la noble question du Bien et du Mal. Alors, il allait bien falloir trouver autre chose pour "revivifier" cette incontournable hypothèse transmuée en fer de lance de l'axiomatique des axiomatiques dont, pour diverses raisons infrasociétales alarmantes, on pouvait objectivement (mais pas vraiment légitimement, hélas) se mettre à craindre et redouter que son universelle validité, à l'hyper-axiomatique en question, puisse bien finir un jour prochain par battre sérieusement de l'aile. Et alors, tintin les bébés ! Et alors, qui va payer nos benoîtes retraites à la sueur de son front et nous cajoler autant que de besoin quand nous serons bien vieux et cacochymes ? Et puis nous n'allons quand même pas nous escrimer à raquer pour le bien-être futur des items de la maisonnée qui ne se seront même pas donnés la peine de procréer, non ? Donc, il n'y a pas à tortiller, il faut qu'on en zigouille et qu'on en empapaoute un maximum avant qu'ils aient proliféré au point de nous avoir subverti, perverti et pourri tout notre saint bordel. D'où le vih et le sida et par ricochet, une fois pelé l'oignon, ou dépucelées toutes les poupées russes chacune selon son niveau propre, très propre même, de gigognité (sic), la terrible DANGEROSITE du contact du sperme avec la muqueuse de l'entre-deux sphinctéral (sic) que tout un chacun ne sait que trop !.. Cheminot, tous : Je serais très enclin à militer pour la mise en oeuvre de l'hypothèse selon laquelle une histoire du sida incluant l'existence de la Dissidence gagnerait à être faite sous le signe de la notion d'inventaire. Mais attention, je ne parle pas de bilan de la dissidence, ou en tout cas sûrement pas de "dépôt de bilan". A titre encore d'hypothèse en faveur de laquelle je serais prêt à faire quelques efforts, j'avancerais ceci : une des grandes questions que pourraient se poser les Dissidents, serait celle de savoir s'il vaut mieux lier ou délier, et ce qu'il conviendrait de lier et/ou de délier. Ou plus exactement, comment envisager les formes et les supports du langage dissident de façon à ne pas faire de sa virtualité une fin en soi, mais au contraire - en somme - de façon à le potentialiser ?
  20. C'est peut-être lié au fait que je commence à manquer de sommeil, mais je n'arrive pas à bien comprendre si Cheminot est un as des as du 3ème degré, ou une sorte de Metternich de 1ère classe toutes catégories confondues, ou autre chose. Ce qui me tracasse, c'est qu'il aurait quand même fallu que l'Epidemic Intelligence Service recrute beaucoup de monde pour "rechercher toutes les corrélations existant entre cette baisse des T4 et les pratiques ou les fréquentations des uns et des autres", même en se limitant plus ou moins à la thématique des substances dangereuses. En réalité, ce qui ressort d'une lecture croisée suffisamment conséquente des élégies de Rappoport et de l'ITV de James Curran par Harden, c'est pratiquement que question établissement des "corrélations", d'une façon ou d'une autre et quelles qu'en fussent les intentions et les péripéties exactes, le travail était tout mâché à tous les niveaux pour que Gallo surgisse dans le paysage armé de pied en cap tel une Vénus de Boticelli voguant sur sa conque avec un sourire lubrique de Mona Lisa au coin des lèvres. Pour une vue mieux corrélée du théâtre des opérations, voir en complément les ITV de Samuel Broder (celui qui retrouve l'AZT à point nommé au fond d'un vieux placard des Public Health Services) et d'Anthony Fauci l'immunologue chevaleresque et flamboyant, puis celles de tous les acteurs plus secondaires, le tout par la même historienne maison du NIH. C'est fou le nombre de choses intéressantes qu'on y apprend !!!
  21. L'EPISTEMOLOGIE DU PARI... et la suite (Toujours ce fichu rasoir d'Ockham !) LE STYLE ÉPISTÉMOLOGIQUE DE LOUIS HJELMSLEV http://www.revue-texto.net/Inedits/Inedits.html Ivan ALMEIDA Université d'Aarhus SOMMAIRE 1. L'épistémologie du pari 2. Le pari de la forme 3. Le pari de l'immanence 4. La suite du pari Ouvrage fondateur en linguistique, Prolégomènes à une théorie du langage, de Hjelmslev est sans aucun doute révolutionnaire sur le plan de l'épistémologie pure. Et c'est sur cet aspect que je voudrais centrer mon étude. Mon projet est d'aborder quelques aspects essentiels du style épistémologique de Hjelmslev. Discourir du style épistémologique ce n'est pas rechercher certaines constantes de la rhétorique langagière d'un texte scientifique. C'est mettre en relief les principes non-thématisés mais mis à l'oeuvre qui guident la pratique scientifique en tant que travail. En d'autres termes, et suivant l'acception que Gilles-Gaston Granger a donnée à la stylistique en épistémologie, il s'agit de rechercher les conditions les plus générales de l'insertion des structures dans la pratique individuée. L'essence donc, de la notion de style est la mise en oeuvre du général dans le particulier. Cette notion ne coïncide pas avec la terminologie interne de Hjelmslev lui-même, qui adopte l'acception classique de style en tant que connotateur. Elle s'approche, en revanche, en la transposant sur un plan conceptuel, de la notion hjelmslevienne d' « accent » : un sens d'expression apporté par des conditions fonctionnelles d'origine individuelle. Le style épistémologique de Hjelmslev est particulièrement décisif en tant que prise de position par rapport aux deux problèmes fondamentaux que pose la constitution de sciences à objet signifiant telles que la linguistique. Le premier de ces problèmes concerne les rapports entre le formalisme et le sens, et peut se résumer par le désormais célèbre paradoxe de Thom : tout ce qui est rigoureux est insignifiant. Le deuxième problème concerne les rapports entre immanence et exhaustivité et est à peu près l'application au domaine de la signification du théorème de Gödel selon lequel dans tout système il faut choisir entre cohérence et complétude. Le style épistémologique de Hjelmslev s'avère profondément révolutionnaire dans le traitement de ces deux problèmes. Avant d'essayer de décrire sa position, je voudrais appliquer à ma propre démarche le principe de simplicité, si essentiel à la méthode de Hjelmslev, en cherchant le plus petit commun dénominateur des caractéristiques inventoriées. Ce plus petit commun dénominateur du style de Hjelmslev peut se résumer dans la notion de pari. 1. L'épistémologie du pari La caractéristique commune des épistémologies modernes au sujet de ces deux problèmes peut se résumer à un principe que l'on pourrait appeler le principe de renoncement, et qui dirait, globalement, que l'on ne peut jamais tenir tout à la fois. Si l'on choisit la rigueur, on doit sacrifier une partie de la signifiance et vice-versa. Si l'on choisit la cohérence on doit sacrifier la complétude, et vice-versa. Le style d'une telle épistémologie est devenu, tout naturellement, celui de l'epokhé , de la mise entre parenthèses, soit sous forme d'abstraction, soit sous forme d'Ausschaltung, d'écartement. Or, une mise entre parenthèses n'est possible que sur la base d'une reconnaissance préalable de ce qu'on exclut. Et cela au risque de retenir à l'intérieur de la parenthèse, sous forme de différents types de contamination, la mémoire du domaine exclu. Dans le cas des sciences de la signification, le résultat de cette option sera que pour choisir la forme on commence par définir le sens, et pour choisir l'immanence on commence par circonscrire la transcendance. Ainsi, Saussure délimite le champ de l'immanence linguistique par l'Ausschaltung d'un territoire de transcendance qu'il relègue à d'autres sciences. Ainsi, Greimas propose des catégories formelles qu'il obtient, en fait, par abstraction du langage objet, et qui restent fortement sémantisées, voire mimétiques par rapport au sens qu'elles décrivent. Au contraire le principe du pari, que l'on peut attribuer implicitement au style de Hjelmslev consiste, quant à lui, dans la radicalisation dynamique du principe de renoncement : parier qu'une radicalisation de la rigueur formaliste peut mener à une visualisation du sens, parier qu'une radicalisation de l'immanence peut, par besoin interne, déboucher dans la complétude. En d'autres termes, que le sens est une prolongation de l'horizon du formalisme, et que la transcendance est une conséquence dynamique de l'immanence. Cela signifie que d'emblée la position de Hjelmslev sera beaucoup plus radicale, précisément parce que plus confiante. Plus radicale, par exemple, par l'évacuation immédiate de la densité de l'objet. Aucune catégorie linguistique, par exemple, ne sera retenue pour faire une description du langage. Ce sera la notion, absolument neutre, de grandeur qui constituera la catégorie de base. Aucune mise entre parenthèses, non plus, d'une quelconque zone de non-pertinence du linguistique pour préserver l'immanence. L'immanence n'est pas l'obtention d'un champ de pertinence par découpage à partir d'un autre champ plus vaste, mais la délimitation de l'applicabilité théorique d'un appareil formel. En essayant de suivre le parcours d'application du principe du pari aux deux problèmes mentionnés, nous verrons se dégager une autre zone d'applicabilité de ce même principe à la forme même qui régit les Prolégomènes. A la question s'agit-il d'un livre de linguistique, s'agit-il d'un livre d'épistémologie ? on sera autorisé à apporter la réponse suivante, paradoxale mais juste : C'est un véritable livre d'épistémologie parce que ce n'est qu'un livre de linguistique. 2. Le pari de la forme L'essor de la logique des prédicats de Frege, tout en représentant un immense progrès par rapport à la logique d'Aristote, a contribué a créer un malentendu dont les épistémologies modernes ont du mal à se libérer. Il comporte, en effet, le risque de considérer la forme logique comme une abstraction de la matière linguistique. La conséquence inévitable de cette option est l'impasse sémantique des sciences de la signification. L'appareillage théorique de Greimas, malgré sa relative fécondité, ne sort pas de cette impasse. Pour lui, le langage contient sa forme comme un fruit contient son noyau. Mais lorsqu'on arrive à obtenir ce noyau par abstraction, à la place d'une forme on retrouve un autre élément du même niveau du langage objet, voire même un élément plus complexe que l'analysé. Un sème n'est alors rien d'autre qu'un exercice d'imagination pour attribuer à un élément lexical le rôle d'une catégorie abstraite. De ce point de vue, il semblerait injustifié de qualifier la sémiotique greimassienne de néo-hjelmslévienne, car l'option de Hjelmslev, en ce qui concerne le formalisme, se place précisément aux antipodes. Pour Hjelmslev le langage ne contient rien que du langage. La sémantique n'existe pas. Il n'existe qu'un plan d'expression et un plan de contenu, appliqué à un inventaire. Mais rien ne dit que l'expression doive être nécessairement sonore ni le contenu nécessairement conceptuel. Ces deux niveaux ne sont définis que relationnellement, et ne s'appliquent qu'à tout inventaire qui en est doté. Il n'y a donc rien à abstraire, car il n'y a pas de noyau, pas de sèmes, pas de classèmes, pas de traits pertinents. Il n'y a, somme toute, qu'un inventaire, et tout se trouve dans l'inventaire. La notion d'inventaire est précisément celle qui manque aux linguistiques dites post-hjelmsléviennes, et c'est, pourtant, l'élément déterminant du style épistémologique de Hjelmslev. Ce n'est que par une opération de catalyse appliquée à un inventaire donné, que l'on peut arriver à avoir une notion de la langue comme entité virtuelle. Un inventaire se compose de grandeurs. C'est le terme français pour traduire le danois størrelse , que l'anglais traduit malencontreusement par entity . Les grandeurs entretiennent, à l'intérieur de l'inventaire, une série des rapports. Ces rapports peuvent être in præsentia, c'est-à-dire analytiques, ou in absentia, c'est-à-dire catalytiques. Et c'est de ces rapports que se dégage la forme comme un dessin. Mais aucune grandeur n'entretient des rapports avec autre chose que des grandeurs. Un exemple nous permettra de saisir l'importance de cette remarque. C'est ce que Hjelmslev appelle l'application du principe de généralisation. Si, par exemple, l'inventaire établi mécaniquement à un stade donné de la procédure conduit à l'enregistrement des grandeurs de contenu : `taureau', `vache', `homme', `femme', `garçon', `fille', `étalon', `jument', `boeuf', `humain', `enfant', `cheval' `il' et `elle', les grandeurs `taureau', `vache', `homme', `femme', `garçon', `fille', `étalon' et `jument' doivent être éliminés de l'inventaire des éléments, puisqu'on peut les interpréter univoquement comme des unités de relation qui comprennent exclusivement `il' ou `elle' d'une part, et d'autre part, respectivement, `boeuf', `humain', `enfant', `cheval'. (90-91). Cet exemple, qui fait pendant à un autre exemple sur le plan de l'expression, nous montre l'aspect superflu de catégories sémantiques extérieures à l'inventaire pour rendre compte du plan du contenu. La procédure d'analyse consiste à ramener des inventaires illimités à des inventaires limités et ceux-ci au nombre le plus réduit d'éléments indispensables. Ce qui en résulte, c'est, soit des signes, soit des figures, c'est-à-dire des éléments de signes, mais en aucun cas des abstractions. Cela mène Hjelmslev à revisiter la plupart des lieux communs de la linguistique et, en l'occurrence, la notion de définition, qu'il conçoit comme une simple division, c'est-à-dire comme une réduction de grandeurs sans changer ni de langue ni de plan : Par cette réduction de grandeurs du contenu en 'groupes', le contenu d'un signe simple se trouve identique à celui d'une chaîne de contenus de signes qui contractent des relations mutuelles données. Les définitions qui rendent compte des mots dans un dictionnaire unilingue sont en principe de cette nature, bien que les dictionnaires jusqu'ici ne se soient pas donné pour but la réduction ; c'est pourquoi ils n'offrent pas de définitions qui puissent être reprises dans une analyse systématique. Mais ce qui est établi comme équivalent d'une grandeur donnée ainsi réduite, c'est en réalité la définition de cette grandeur, formulée dans la langue et dans le plan même de cette grandeur. Nous ne voyons, sur ce point non plus, aucun obstacle à nous servir de la même terminologie pour les deux plans ; et à employer aussi le terme de définition lorsque l'expression du mot taureau est analysée comme composée de la consonne t , de la voyelle o , de la consonne r et de la voyelle o . Ceci nous amène à la définition de la définition; par définition nous entendons une division soit du contenu d'un signe, soit de l'expression d'un signe (p. 92-93). On voit que la procédure est presque arithmétique. Lorsqu'il est question de trouver le plus grand commun diviseur d'une série de nombres, le résultat est un nombre. Analyser n'est donc pas changer de niveau et ce n'est nullement innocent si les unités adoptées par la théorie s'appellent des grandeurs : Le procédé consiste donc pratiquement à analyser les grandeurs qui entrent dans des inventaires illimités en grandeurs qui entrent dans des inventaires limités.[...] Notre tâche consistera donc à poursuivre l'analyse jusqu'à ce que tous les inventaires soient aussi restreints que possible (p. 92). Analyser et définir sont donc des synonymes. Tout comme, par conséquent, analyse et dictionnaire. Le dictionnaire idéal serait donc un dictionnaire simplement diagrammatique, dans lequel les relations entre les grandeurs ne serait que signalée, voire dessinée. Et c'est là un trait essentiel du style des Prolégomènes. La théorie y a été planifiée comme un grand dictionnaire diagrammatique, où rien n'est démontré, rien n'est défini dans le sens traditionnel du terme, mais où tout est montré, comme un geste se montre en se dessinant. Voilà, la forme c'est la disposition de l'inventaire. Elle se montre. Hjelmslev donne d'ailleurs la raison interne de cet auto-étalement de la forme. Lorsqu'il fait la distinction entre processus et système, il prévoit des cas où un même ensemble peut être considéré soit comme processus, soit comme système, selon le point de vue d'approche. Il donne pour exemple la théorie : La théorie en est un exemple : on peut considérer la hiérarchie des définitions comme un processus où est énoncée, écrite ou lue une définition, puis une autre, et ainsi de suite, ou bien comme un système qui potentiellement sous-tend un processus possible. Il y a détermination entre les définitions puisque celles qui doivent en précéder d'autres sont présupposées par celles qui les suivent mais que la réciproque n'est pas vraie. Si la hiérarchie des définitions est vue comme un processus, il y a sélection entre les définitions; si au contraire on la considère comme un système, il y a entre elles spécification (p. 39). Le caractère révolutionnaire de cette conception de la théorie saute aux yeux. En tant qu'étalement d'une forme, la théorie du langage ne peut être que le système lui-même, linéarisé. La théorie propose des définitions, c'est-à-dire des divisions, et non pas des gloses ou des démonstrations. Elle n'a du texte que le strict nécessaire pour temporaliser les hiérarchies. Elle ne peut donc se justifier que par elle-même. C'est à partir de là qu'on peut mesurer l'originalité du style épistémologique de Hjelmslev en relation au formalisme. Le paradoxe de Thom, il l'érigera en pari. Pari pour la rigueur, sans mention de la signifiance. La rigueur s'oppose à la signifiance seulement lorsque la rigueur est imaginée comme une abstraction d'une signifiance déjà acceptée. Ici, en revanche, on ne présuppose pas la signifiance. On ne présuppose que la fonction sémiotique, qui n'est que le rapport, non thématisé, entre une expression et un contenu. La forme n'apparaît pas, par conséquent, comme une abstraction mais comme une division . Et on ne peut diviser que des grandeurs. Voilà pourquoi la théorie linguistique n'a pas besoin d'axiomes ni de postulats. Car son point de départ est un inventaire et sa façon de définir, une division : Cette manière de procéder par définitions à outrance semble devoir contribuer à libérer la théorie du langage d'axiomes spécifiques. Il nous semble que, dans toute science, l'introduction d'une stratégie appropriée de définitions permet de restreindre le nombre d'axiomes et parfois même de le réduire à zéro. Une tentative sérieuse d'éliminer les prémisses implicites conduit à remplacer les postulats soit par des définitions, soit par des propositions conditionnelles posées théoriquement qui font disparaître les postulats en tant que tels. Il semble que dans la plupart des cas, les postulats purement existentiels puissent être remplacés par des théorèmes de forme conditionnelle. (p. 34) Une conséquence de cette attitude sera le souci de Hjelmslev de reprendre ab ovo toute la terminologie linguistique, pour éviter d'y introduire une sémantisation procédant de postulats nullement nécessaires. Il refuse ainsi, par exemple, de reprendre la classification des voyelles à partir de leur position dans la bouche, et propose en échange une autre classification à partir de leur position dans le mot, car celui-ci est un élément interne à l'inventaire. On peut dire, par conséquent, que pour Hjelmslev il n'y a pas de langage formel. La forme, pour lui, ne se lit pas, elle est une forme de lire qui coïncide avec ce que Hjelmslev lui même appelle l'algèbre immanente (102) d'un inventaire donné. On peut résumer cette option par la belle formule de Wittgenstein dans son Tractatus : J'exprime l'égalité des objets par l'égalité des signes et non au moyen d'un signe d'égalité. Voici comment, à partir de cette position épistémologique, on peut considérer le problème du sens. Le sens peut être considéré comme immanent à la linguistique et aussi comme extérieur. À l'intérieur de la linguistique, le sens est une grandeur indéfinissable qui permet les différences et la traductibilité entre les langues. En tant que tel, il apparaît plus comme point de fuite que comme objet, et il change de forme dans chaque actualisation sémiotique : Le sens devient chaque fois substance d'une forme nouvelle et n'a d'autre existence possible que d'être substance d'une forme quelconque. (70) D'autre part - et c'est là la conception extrinsèque du sens - si le sens est de nature référentielle, il appartient au domaine de la physique ; s'il est intentionnel, il appartient au domaine de l'anthropologie (100). Mais la linguistique ne peut pas reconnaître ce type de sens, car c'est en cela que, selon Hjelmslev, elle se distingue des autres sciences. Qu'est-ce donc que la physique sinon la science du sens du langage physique, sans s'occuper de sa forme ? Hjelmslev conçoit ainsi une division simple des sciences en deux classes, ayant comme point de référence le langage : il y aurait, d'une part, les sciences référentielles (leur objet est le sens de leur langage) et, d'autre part, la science formelle qui est la linguistique. De ce point de vue, on doit conclure que, tout comme les autres disciplines scientifiques peuvent et doivent analyser le sens linguistique sans prendre la forme linguistique en considération, la linguistique peut et doit analyser la forme linguistique sans se préoccuper du sens qui s'y rattache dans les deux plans. (p.101) Selon cette conception, une linguistique qui s'occuperait également du sens, coïnciderait avec le savoir universel. Mais cela n'est qu'une vision utopique, car chaque science, à son niveau, n'est que formelle, si bien que, aussi loin que l'on pousse les niveaux de référence, on constatera toujours qu'il n'existe pas de formation universelle, mais un principe universel de formation. (98). Autrement dit, une fois que l'on considère l'intérieur du système des sciences référentielles, ce qui vu depuis la linguistique apparaissait en elles comme sens s'évanouit à son tour, comme un nouveau type de forme propre au système qui l'incorpore. Le sens en tant que grandeur sera toujours différé, car aucune science ne peut s'occuper de sa propre substance : "C'est pourquoi le sens lui-même est inaccessible à la connaissance, puisque la condition de toute connaissance est une analyse, de quelque nature que ce soit." (p. 98) Nous sommes donc en présence de la position la plus extrême qui soit imaginable en ce qui concerne l'exclusion du sens par une théorie linguistique, et non seulement du sens, mais également de tout ce qui, y compris du côté de l'expression, renverrait à autre chose qu'une forme : "Il se constituerait ainsi, en réaction contre la linguistique traditionnelle, une linguistique dont la science de l'expression ne serait pas une phonétique et dont la science du contenu ne serait pas une sémantique. Une telle science serait alors une algèbre de la langue qui opérerait sur des grandeurs non dénommées." (p. 101-102). Comment une telle sévérité dans l'exclusion du sens peut-elle en même temps être un pari en direction du sens ? La réponse se trouve en fin de chemin, lorsqu'on aura parcouru l'autre flanc de la rigueur, celui qui concerne l'immanence. 3. Le pari de l'immanence L'audace sans précédent avec laquelle Hjelmslev a abordé la question de l'immanence en linguistique a été souvent banalisée et parfois même comprise de travers. Il suffit pour s'en convaincre de lire les interprétations de Greimas & Courtés dans leur dictionnaire. C'est ainsi que, par exemple, sa métasémiotique sera vue comme une application de la théorie des types, c'est-à-dire comme un cas particulier de métalangage, et que la non-scientificité de la connotation sera considérée suivant des canons de scientificité absolument étrangers à l'épistémologie de Hjelmslev. L'effort de table rase que l'interprétation de l'épistémologie de Hjelmslev exige par rapport aux interprétations du néo-hjelmslévisme devient tout de suite payant s'il nous permet de constater que, à la différence de Saussure, Hjelmslev conçoit la substance non pas comme un préalable de la forme, mais comme sa conséquence. Le point de départ de Saussure, qui a besoin de séparer une forme d'une substance, a certes pour Hjelmslev une valeur pédagogique, mais pèche, selon lui, du point de vue épistémologique, par excès de postulats, c'est à dire, en fin de compte, par excès d'imagination : "Mais cette expérience pédagogique, si heureusement formulée qu'elle soit, est en réalité dépourvue de sens, et Saussure doit l'avoir pensé lui-même. Dans une science qui évite tout postulat non nécessaire, rien n'autorise à faire précéder la langue par la "substance du contenu" (pensée) ou par la "substance de l'expression" (chaîne phonique) ou l'inverse, que ce soit dans un ordre temporel ou dans un ordre hiérarchique. Si nous conservons la terminologie de Saussure, il nous faut alors rendre compte - et précisément d'après ses données - que la substance dépend exclusivement de la forme et qu'on ne peut en aucun sens lui prêter d'existence indépendante." (p. 68). Le point de départ de Hjelmslev, en revanche, est un inventaire et sa forme est biplane. L'immanence d'un inventaire est un point de départ absolu, qui ne se découvre comme immanence que lors de son dépassement, au bout du chemin. La substance n'est pas ce dont on extrait la forme, mais ce qui est au bout de la forme. Le tout est de trouver par la suite le geste par lequel l'analyse, dans sa procédure de division, touchera le niveau où le dépassement est postulé. C'est à partir de là qu'il devient aisé de suivre le développement des hiérarchies sémiotiques. On constatera d'abord que le mot « sémiotique » est utilisé par Hjelmslev, avant tout, précédé d'un article indéfini. Il n'y a pas la sémiotique, mais des sémiotiques. Une sémiotique n'est donc pas d'abord une science, mais une hiérarchie à deux niveaux. Là où l'on peut identifier un inventaire de grandeurs quelconques, si ces grandeurs possèdent un plan d'expression et un plan de contenu, si bien qu'elles deviennent interprétables, il y a une sémiotique. Pourquoi appeler alors également sémiotique la théorie des sémiotiques ? N'est-ce pas là un équivoque impardonnable chez un théoricien de la rigueur de Hjelmslev ? Pas du tout, si l'on accepte d'une fois pour toutes que la vision que Hjelmslev a sur la théorie est à l'opposé du schéma traditionnel langage-objet/métalangage. La théorie est, pour Hjelmslev, à la fois système et processus. C'est-à-dire que la théorie sémiotique n'ajoute absolument rien à la hiérarchie sémiotique qu'elle découvre. Elle n'est, en fait, que cette mise à découvert en tant que telle. Et c'est là, et pas ailleurs, qu'intervient la distinction hjelmslevienne entre sémiotique scientifique et sémiotique non-scientifique. Tout simplement, la sémiotique non-scientifique est la sémiotique comme hiérarchie immanente, et la sémiotique scientifique est la même hiérarchie vue comme théorie. Il suffit pour s'en convaincre de suivre la structure enchâssée des définitions données par Hjelmslev. D'abord, une sémiotique est : "une hiérarchie dont n'importe quelle composante admet une analyse ultérieure en classes définies par relation mutuelle, de telle sorte que n'importe quelle de ces classes admette une analyse en dérivés définis par mutation mutuelle." (p.135) [...] "En pratique, une langue est une sémiotique..." (p.138). Voici, ensuite, la distinction entre sémiotique scientifique et sémiotique non scientifique : "Nous appellerons sémiotique scientifique une sémiotique qui est une opération et sémiotique non scientifique une sémiotique qui n'en est pas une." (p.151). Poursuivons par la notion d'opération : "Nous définirons une opération comme une description en accord avec le principe d'empirisme." (p.46). Et quant au principe d'empirisme : "La description doit être non contradictoire, exhaustive et aussi simple que possible. L'exigence de non-contradiction l'emporte sur celle de description exhaustive, et l'exigence de description exhaustive l'emporte sur celle de simplicité. Nous prenons le risque d'appeler ce principe le principe d'empirisme." (p.19) Tout se résume donc en ceci : une sémiotique non-scientifique est une hiérarchie décrite, et une sémiotique scientifique est la même hiérarchie mais prise en tant que décrivante. Ainsi, lorsque Hjelmslev dira ensuite qu'une sémiotique connotative est une sémiotique non-scientifique, cela ne veut pas dire, comme semblent l'entendre Greimas & Courtés, qu'elle est laissée en dehors du champ de la scientificité (fait que nos auteurs trouvent embarrassant), mais tout simplement qu'elle n'est pas une opération, qu'elle est prise comme décrite et non pas comme décrivante, donc qu'elle n'est pas une théorie. À partir de là, on peut entamer le parcours qui convertira la restriction en pari. Le point de départ est que la hiérarchie qui constitue une sémiotique n'est pas faite d'ensembles mais de relations. De ce point de vue, la théorie de types est à écarter, et les niveaux objet/méta ne peuvent pas être pris comme des systèmes d'inclusion. Il n'y a pas une série indéfinie mais stable de couples langage-objet métalangage, ce qu'il y a, ce sont des positions entre niveaux qui peuvent à leur tour contenir des hiérarchies sémiotiques. Il est donc indispensable de prendre au sérieux l'avertissement de Hjelmslev : "Comme le plan de l'expression et le plan du contenu ne se définissent que par opposition et relativement l'un par rapport à l'autre, il s'ensuit que les définitions proposées ici de sémiotique connotative et de métasémiotique ne sont que des définitions "réalistes" provisoires auxquelles on ne peut pas accorder de valeur opérationnelle." (p.144). Ce qui nous reste entre les mains, donc, c'est toujours, pour commencer, un texte. Par catalyse (et non pas par abstraction) ce texte nous renvoie à son système : c'est cela une sémiotique. Une sémiotique a un plan d'expression et un plan de contenu. Mais cela n'est qu'un minimum. À son tour, cette sémiotique peut tout entière prendre, à l'égard d'un autre plan, la position soit d'expression, soit de contenu. Si elle est expression, son contenu sera fatalement une sémiotique non-scientifique, c'est-à-dire une sémiotique qui n'est pas une opération. En général, si tout un système sémiotique prend un nouveau plan de contenu, cela entraînera également un changement de système : la fonction sémiotique de base renvoie à des connotateurs, qui déterminent en général des catégories anthropologiques. Les deux plans d'un texte donné, peuvent, par exemple, renvoyer au connotateur français. À l'autre extrême, si tout le système sémiotique de base sert de contenu à un autre plan, ce nouveau plan sera nécessairement une opération sur la sémiotique de base. Ce sera donc une sémiotique scientifique, chargée de mettre en relief la forme de la sémiotique de base. On l'appellera également métasémiotique, ou sémiologie. Cependant, à la différence de la notion ensembliste de métalangage, une métasémiotique selon Hjelmslev n'a pas besoin de présenter un nouvel inventaire de grandeurs. En général, elle ne change pas de système. Elle n'est pas une inclusion de la sémiotique-objet. Elle peut en contenir exactement les mêmes grandeurs. Souvent, cependant, une métasémiotique allonge quelque peu l'inventaire de base, ne serait-ce que pour se donner des outils plus précis de description. Imaginons alors qu'une autre sémiotique lui serve à son tour de plan d'expression, c'est-à-dire de description. Cette nouvelle sémiotique - qui constituerait une métasémiologie - serait elle aussi scientifique. Mais elle ne devrait retenir de la sémiologie qui lui sert de base que l'inventaire complémentaire par rapport à la sémiotique première. Ainsi, l'enchâssement de sémiotique en sémiotique se produirait non pas comme l'inclusion d'un ensemble dans un autre, mais par dynamisation et par addition : la sémiotique décrivante dynamise la forme de la sémiotique décrite, et n'apporte comme grandeurs propres que les quelques éléments supplémentaires dont elle se sert pour décrire la sémiotique de base. Il n'y a donc ni répétition ni abstraction de ces grandeurs de base, mais seulement une légère augmentation progressive, qui, en changeant de niveau, irait, ralentissant, jusqu'à toucher finalement une certaine limite. C'est là que se trouve l'élément essentiel de la nouveauté de Hjelmslev : D'ordinaire, une métasémiotique sera (ou pourra être) entièrement ou partiellement identique à sa sémiotique-objet. La linguistique, par exemple, qui décrit une langue, aura elle-même recours à cette langue dans sa description. De même, les sémiologies qui décrivent des sémiotiques qui ne sont pas des langues pourront faire cette description dans une langue. Si cela n'est pas le cas, la sémiotique dont elles se serviront pourra toujours être traduite dans une langue [...] Il en résulte que si la métasémiologie devait fournir une description complète de la sémiotique de la sémiologie, elle en arriverait à répéter en grande partie les résultats mêmes de celles-ci. Le principe de simplicité invite cependant à suivre un procédé qui permette de l'éviter [...] La métasémiologie doit donc concentrer ses efforts non sur la langue déjà écrite par la sémiologie, langue dans laquelle cette sémiologie est aussi faite, mais sur les modifications éventuelles de cette langue ou sur les additions qu'elle y apporte pour produire son jargon spécial. (p. 152). On constate alors que du côté de la sémiotique connotative , les grandeurs deviennent de plus en plus générales et de plus en plus grandes. Tout un texte peut renvoyer à un seul connotateur de style ou de physionomie. En revanche, du côté de la métasémiotique et de la métasémiologie, les grandeurs deviennent de plus en plus précises et de plus en plus petites. Dans les deux cas, la marge d'augmentation de grandeurs d'une sémiotique à l'autre subit un amenuisement progressif. Et c'est alors que, presque insensiblement, l'épistémologie de Hjelmslev montre l'accomplissement de son pari. Les grandeurs que retient la métasémiologie deviennent de plus en plus des véritables objets irréductibles, qui rejoignent ainsi le champ de ce que, dans un sens large, on peut appeler la physique . La déclaration de Hjelmslev ne laisse pas de place à la moindre mauvaise interprétation : Grâce au changement de point de vue qu'implique le passage d'une sémiotique-objet à sa métasémiotique, la métasémiologie acquiert de nouveaux moyens pour reprendre et pousser plus avant, par l'application des méthodes sémiologiques mêmes, l'analyse qui, du point de vue sémiologique, était épuisée. Ce qui veut simplement dire que les variantes ultimes de la langue sont soumises à une analyse particulière ultérieure sur une base entièrement physique. Autrement dit, dans la pratique, la métasémiologie est identique à la description de la substance (155-156). Un texte, donc, pris dans son immanence radicale, et soumis au traitement le plus formel qui soit, donne, par une simple opération de catalyse progressive, des résultats différents selon la direction prise : a) dans le sens de la concentration, des connotateurs affectifs et conceptuels font déboucher la catalyse dans l'anthropologie ; b) dans le sens de l'expansion, la catalyse débouche directement sur des objets et des sons appartenant au référentiel physique. La forme atteint ainsi la substance, par exigence interne, et non pas par axiomatique. L'ensemble de la science deviendra, non pas par décision mais par déduction, intégrable dans le processus sémiotique : "Par suite, il n'existe pas de non-sémiotiques qui ne soient composantes de sémiotiques et, <span style='font-size:21pt;line-height:100%'>en dernière instance, il n'existe aucun objet qui ne puisse être éclairé à partir de la position-clef qu'occupe la théorie du langage. La structure sémiotique se révèle comme un point de vue à partir duquel tous les objets scientifiques peuvent être examinés ." (p.159). 4. La suite du pari L'attitude de Hjelmslev devant le paradoxe de Thom a consisté à parier pour la rigueur de la forme, sans préjugé et sans crainte. Et elle récupère le sens comme une nécessité interne de la dynamisation de la forme. Et par rapport au théorème de la complétude, Hjelmslev choisit l'immanence cohérente, sans peur de perdre la complétude. La complétude lui advient alors comme dépassement exigé par la catalyse de l'immanence. Dans les deux cas, le pari s'appuie sur deux options : le radicalisme et le dynamisme. Radicaliser la réduction du point de vue, mais avec une exigence sans précédent quant à ce qu'une description doit avoir de dynamique. C'est peut-être dans la dynamisation des formalismes et des immanences que se trouve le secret ultime de leur fécondité. Les formalistes et les empiristes de jadis avaient été sans doute moins formalistes et moins empiristes que Hjelmslev, mais également plus sceptiques. La forme et l'immanence ne sont pas pour Hjelmslev des états mais des parcours. Voilà la différence. Hjelmslev parle même d'une générosité de l'immanence : "La théorie du langage remplit donc d'une manière insoupçonnée au départ toutes les obligations qu'elle s'était imposées. À son point de départ, elle s'était fondée dans l'immanence, se donnant pour seul but la constance, le système et la fonction interne; apparemment, cela devait se faire aux dépens des fluctuations et des nuances, aux dépens de la vie et de la réalité concrète, physique et phénoménologique. Une limitation provisoire de notre champ visuel était le prix qu'il fallait payer pour arracher son secret au langage. Or, c'est grâce à ce point de vue immanent que le langage rend généreusement ce qu'il avait d'abord exigé. [...] Au lieu de faire échec à la transcendance, l'immanence lui a au contraire redonné une base nouvelle plus solide. " (p. 159-160). Cette foi dans la fécondité de l'immanence lorsqu'elle n'est pas une fausse immanence, est le véritable trait de style de l'épistémologie de Hjelmslev. Cependant, en rendant au terme « style » l'acception hjelmslevienne de connotateur, on peut observer que ce pari pour la fécondité de l'immanence est également, et très particulièrement, une caractéristique stylistique de l'épistémologie danoise comme entité idiosyncrasique. Kierkegaard, par exemple, ne peut affirmer le saut que constitue le stade religieux qu'en se plaçant lui-même, pour le dire, dans l'intra muros de l'esthétique. Il en va de même pour ce qui est des Prolégomènes. Il est possible de les lire entièrement - et c'est cela la suite logique du pari - comme un véritable traité d'épistémologie, et pourquoi pas d'ontologie, bien que, dans l'explicite il ne s'agisse d'autre chose que de linguistique. L'épistémologie ne serait autre chose que la linguistique vue comme une opération. En quelque sorte, c'est une épistémologie qui met à l'oeuvre, par un fait de style, ce qui pour la Vienne du début du siècle était plutôt un idéal. On se souviendra que H. von Hoffmanstahl conseillait de ne trouver la profondeur qu'à la surface. On se rappellera aussi la lettre de Wittgenstein à Engelmann : Lorsqu'on ne s'efforce pas d'exprimer l'inexprimable, alors rien ne se perd. L'inexprimable est contenu - inexprimablement - dans ce qui est exprimé. Et Hjelmslev, de conclure en écho : "L'immanence et la transcendance se rejoignent dans une unité supérieure fondée sur l'immanence." (p 160). NB. Ce texte a paru également sur papier : Almeida, Ivan. Le style épistémologique de Hjemslev. Urbino: Centro Internazionale di Semiotica e Linguistica, 1998</span>
  22. Comme tu as raison, Cheminot ! C'est abzolument kapital, "toutes les corrélations existant entre cette baisse des T4 et les pratiques ou les fréquentations des Huns et des Zautres" !!! A l'occasion, lèche pour moi la vieille chatte de Victoria Harden. Elle doit avoir des fragrances encore plus poivrées que celle d'Eleni Papadopoulos... Bien sûr, à leur âge, elles ne t'abreuveront peut-être ni l'une ni l'autre de flots intarrissables de cyprine hyper-oxydante, mais enfin, bon... Savoureux, absolument savoureux ! Inoubliable ! Comment te remercier pour toutes ces perles translucides ?
  23. Tu as peut-être raison de dire que tous ces débats sur ce forum ne servent pas à grand chose. Je vis peut-être dans l'illusion qu'au contraire ça sert à quelque chose. Mais contrairement à certaines apparences je ne perds nullement de vue la santé de ceux qui souffrent du "sida", pour faire vite. Je croyais que les apparences en question n'étaient pa aussi trompeuses. Et je suis d'accord avec toi pour ne pas continuer à "disséquer" le PG. C'est vrai que ce qui serait le plus logique et le plus réaliste serait plutôt sans doute d'entrer en dialogue directement avec eux, ou en tout cas de ne pas faire une fixation de tout ce que nous avons analysé concernant l'évolution de leurs travaux et de leur démarche, et que pour des raisons qui sont les nôtres nous sommes quelques uns à trouver assez consternants. Peut-être du reste vont-ils "rebondir" ? Quant à l'explication socio-historique, non ce n'est pas exactement ça pour moi. Comme je me tue de plus en plus à le dire depuis une semaine ou deux, c'est plutôt dans mon idée la nécessité d'une méthodologie historiographique, encore plus qu'historique, au service de la résolution d'un problème épistémologique qui se trouve au coeur d'une réalité politico-médico-sanitaire. Avec ma sincère amitié à toi malgré nos désaccords... du reste parfois parfois féconds - en tout cas j'ose encore l'espérer.
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