Quelques paroles au sujet du SIDA du digne successeur et précurseur de Nelson Mandela :
Thabo Mbeki, président d'Afrique du Sud.


Extraits de la lettre adressée le 3 avril 2000 par le Président sud-africain M. Thabo Mbeki à
MM. Kofi Annan, Tony Blair, Jacques Chirac, Bill Clinton et Gerhard Schröder.
Cette lettre a été publiée trois semaines plus tard dans The Washington Post.

 

(...) Vers la fin de l'année dernière, m'adressant à notre Parlement national, j'ai dit que j'avais demandé à notre ministre de la Santé d'examiner les controverses qui existent parmi les scientifiques au sujet du SIDA et du VIH, et au sujet de la toxicité d'un certain médicament antiviral.

Depuis lors, le ministre est, entre autres choses, en train d'organiser la rencontre d'un groupe de scientifiques pour qu'ils puissent discuter de ces questions de la manière la plus transparente possible. (... )

Aux Etats-Unis le nombre de décès dus au SIDA pour la période de janvier 1996 à juin 1997 s'est élevé, selon le C.D.C., à 32.750. (Trend in the HIV and AIDS epidemic; 1998, CDC).

D'autre part, le 13 mai 1999, un rapport S.A.F.A.-A.F.P. daté de Paris déclarait que les rapports 1998 d'ONUSIDA et de l'O.M.S. indiquaient que le SIDA avait été responsable d'un décès sur cinq en Afrique, c'est-à-dire d'environ 2 millions de personnes. (...)

Le rapport S.A.F.A.-A.F.P. ajoutait que près de 1500 personnes sont chaque jour infectées en Afrique du Sud et qu'à ce jour 3,8 millions de Sud-Africains étaient porteurs du virus.

Comme vous le savez aussi, on considère que le SIDA et le VIH en Occident se transmettent surtout par voie homosexuelle alors qu'on affirme qu'en Afrique, y compris dans notre pays, il se transmet par voie hétérosexuelle.

Nous sommes donc confrontés, en tant qu'Africains, à une catastrophe spécifiquement africaine, à savoir :

° contrairement à l'Occident, en Afrique, le SIDA et le VIH se transmettent par voie hétérosexuelle ;

° contrairement à l'Occident, où le SIDA a causé relativement peu de morts tout en étant le sujet de grandes préoccupations, on affirme qu'en Afrique des millions de gens en sont morts ;

° contrairement à l'Occident, où le nombre de morts par SIDA diminue, on prévoit, en Afrique, un important accroissement de la mortalité.

Il est clair que, quelles que soient les leçons que nous devons et pouvons tirer des connaissances occidentales au sujet de cette grave question du SIDA et du VIH, la simple superposition de l'expérience occidentale sur la réalité africaine serait absurde et irrationnelle.

Agir de cette manière constituerait une trahison criminelle de nos responsabilités vis-à-vis de notre peuple. C'est pour cette raison que, lors de mon allocution au Parlement, j'ai tenu les propos cités plus haut.

Je suis convaincu que notre devoir le plus urgent est de répondre de façon spécifique aux dangers spécifiques qui nous menacent, nous les Africains. Nous ne reculerons pas devant cette obligation pour choisir la solution confortable de "réciter un catéchisme" qui, bien sûr, est peut-être une réponse correcte au SIDA tel qu'il se présente en Occident mais pas forcément en Afrique.

Nous ne voulons pas nous-mêmes condamner à mort notre peuple en renonçant à chercher des solutions spécifiques adaptées à la réalité particulière du SIDA en Afrique.

J'explique tout cela parce que notre recherche de solutions spécifiques adaptées à l'Afrique est l'objet de violentes critiques, tant dans notre pays qu'ailleurs dans le monde, et qu'on la qualifie d'abandon criminel du combat contre le SIDA et le VIH.

Je suis extrêmement préoccupé par certains aspects de l'orchestration de cette campagne de dénigrement.

On laisse entendre, par exemple, que certains scientifiques sont « dangereux et discrédités » et que personne, nous compris, ne devrait les écouter et travailler avec eux.

A une autre époque de l'Histoire, ces scientifiques auraient été condamnés au bûcher comme hérétiques !

Il n'y a pas si longtemps, dans notre propre pays, des gens furent torturés, incarcérés, privés de leur liberté d'expression et tués parce que les autorités en place estimaient que leurs opinions étaient dangereuses et discréditées.

On nous demande aujourd'hui de faire exactement la même chose que la dictature raciste de l'apartheid que nous avons combattue, parce que, dit-on, il existe un consensus scientifique partagé par la majorité et qu'il est interdit de le remettre en question.

Parmi les scientifiques que nous devrions mettre en quarantaine, il y a des prix Nobel, des membres d'Académie des sciences, des professeurs émérites de diverses disciplines médicales !

Des scientifiques exigent, au nom de la science, que nous empêchions le débat scientifique sur la question du SIDA et du VIH de se poursuivre, afin de le laisser au point où il en était en 1984 en Occident.

Des gens qui, en d'autres circonstances, mettraient toutes leurs forces à défendre les droits sacrés à la liberté de pensée et de parole sont, dès qu'il s'agit de la question du SIDA et du VIH, à la tête de ceux qui veulent, par l'intimidation, la menace et le terrorisme intellectuel empêcher la libre expression des idées et qui soutiennent que la seule liberté que nous ayons est d'accepter ce qu'ils ont décrété être la vérité scientifique officielle.

Certains s'agitent dans cette affaire avec une passion qui relève du fanatisme religieux et qui est véritablement effrayante.

Un jour pourrait venir où ceux qui se croient appelés à une sainte croisade contre des infidèles recommenceront à brûler des livres et à condamner leurs auteurs bûcher.

Il serait vraiment stupéfiant que nous acceptions de servir la cause de ces fanatiques en nous contentant d'attendre sans rien faire.

Il se peut que ces propos soient excessifs. S'ils le sont, c'est parce que, dans un passé récent, nous avons vu, de nos propres yeux, le vrai visage de la dictature. (...)

Thabo Mbeki.

(Traduction : Dr. Marc Deru)

Lisez notre lettre de soutien au Président Mbeki :

<http://perso.wanadoo.fr/sidasante/critique/mbekifr.htm>

Signez la pétition "on-line" de soutien au Président Mbeki :

<http://www.virusmyth.com/aids/news/mbeki.html>


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